La semaine dernière est sorti en France un film qui vise évidemment les Oscars. Detroit, de Kathryn Bigelow, raconte une période historique des États-Unis ségrégationniste et raciste, qui se voile la face sur sa brutalité frontale.

Les événements de 1967

Le film se déroule dans une période historique très précise : 1967 et les révoltes contre la guerre du Vietnam et les ségrégations raciales aux États-Unis. Le contexte politique est lourd et tendu. L’armée est envoyée à Detroit pour tenter de maîtriser les moments de contestation. C’est dans cette ambiance que s’insèrent le déroulé du film et l’histoire qui intéresse Bigelow. Pour nous montrer la situation du pays et les tenants et aboutissants politiques concrets, le film nous raconte une nuit tragique dans un hôtel de Detroit, où la police va s’adonner à un jeu de massacre pour tenter vainement de retrouver une arme qui n’existe pas.

Regarder le passé pour faire face au présent

Toute sortie d’un film se fait dans un contexte. Ici, le (très) long-métrage de Kathryn Bigelow sort alors que les tensions raciales aux États-Unis sont toujours très vives. L’élection récente de Donald Trump donne un bagage politique encore plus fort à ce qui nous est dépeint. La comparaison avec les images et les récits actuels des noir.e.s tué.e.s aux États-Unis par la police ne fait que renforcer la portée du film. Et cette question, non posée par le film, mais totalement évidente à la fin du visionnage : qu’est-ce qui a changé depuis 1967 au final ?

L’hôtel, Detroit, les États-Unis

Il est intéressant de s’attarder sur le découpage temporel et son récit. La surprise est de voir le film commencer sur une contextualisation en dessin animé de la situation de la population afro-américaine aux États-Unis. Une fois le contexte global du pays expliqué, le contexte de la ville de Detroit est explicité longuement et on commence à rencontrer certains protagonistes du film. Enfin, le film prend son temps et amorce ce qui sera le cœur du récit : la situation qui dégénère à l’Algier Motel. C’est une façon de temporaliser le récit plutôt surprenante, inhabituelle, mais salutaire pour un film comme Detroit. D’autant plus que le dernier quart du film servira à raconter les événements après la nuit à l’hôtel, notamment le procès et le verdict infâme qu’il rendra. Même si le spectateur se fera probablement la réflexion, il est dommage que Detroit ne fasse pas de lui-même le pont avec la situation actuelle et les nombreux cas de meurtres perpétrés par des policiers en service.

Detroit : le récit de l’Amérique raciste

par Christophe Lalevee Temps de lecture : 2 min
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