Lorsque Nanterre a confirmé mon échange universitaire en Amérique Latine, j’étais aux anges. Mes parents, beaucoup moins: « Tu vas te faire enlever comme Ingrid Bettancourt, tu vas mourrir d’une overdose de cocaïne, les FARC vont nous envoyer un bout de ton oreille pour réclamer une rançon ». Une crise cardiaque d’une tante éloignée, des signes de croix, du sang et des larmes plus tard, j’embarque pour Bogotá.
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Une ville gargantuesque
Les premiers jours, je me sens perdue dans ce vaste labyrinthe de calles et de carreras dont le plan est calqué sur celui des Etats-Unis. Heureusement, ma meilleure amie, que je nommerai ici Descartes, m’a tout expliqué. J’ai compris trois mois plus tard. L’altitude aussi: 2500 mètres, au coeur des Andes et de la pollution d’enfer. La grande Bogotá est dix fois plus grande et compte trois plus d’habitants que Paris . On notera l’absence de métro, faute de corruption. Au lieu de cela, un bus en accordéon qui rend le RER très enviable, même aux heures de pointe.
Lentement mais sûrement
Partout, la lenteur est de rigueur. Arriver à l’heure en cours relève d’un poisson d’avril. Se presser dans la rue est un affront. Au début, je pensais que j’étais une parisienne stréssée. Maintenant, j’ai toujours une poêle dans mon sac et j’assome les quidam un peu trop détendus.
Régime Dukan version empañadas
A la cafétéria de l’université, je me rends vite compte qu’un régime diététique relève du mirage. Au menu: friture et graisse. McDo, c’est light pour les Colombiens. Comme les Brésiliens, ils sont habitués à manger deux féculents par plat. J’ai compris que c’était incurable lorsque mon colocataire est rentré un soir en hurlant: « Tu te rends compte le diéticien m’a interdit de manger des frites ET des pâtes dans le même repas! Comment je vais faire, il est tyrannique ce type!! »
La « fuck » (merci de regarder L’auberge espagnole de Cédric Klapisch si vous ne comprenez pas cette référence hautement culturelle)
Je suis en cours dans une fac privée catho reconnue en Colombie: l’université du Rosario. Les cours sont choisis par les élèves en fonction de leur programme et non pas de leur niveau d’études. Certains cours de journalisme mélangent des premières année avec ceux de Master. Ce qui compte: le projet final d’études. Quelques cours théoriques, beaucoup d’autres au contenu ciblé, permettant une spécialisation efficace. Les méthodes, elles, sont innovantes. Des débats omniprésents, des cas pratiques pour tout, aucun cours magistraux. Beaucoup de lectures obligatoires à effectuer pour compléter le cours. Le défaut d’un tel système, aux airs de panacé, est contenu dans ce mot: obligatoire. Comme beaucoup d’étudiants sur la planète, certains étudiants ont un sacré poil dans la main. Les cours en deviennent donc lacunaires, et les débats superficiels faute de connaissances suffisantes. Un vrai gâchis car les intervenants et professeurs sont de qualité et ne comptent pas les heures quand il s’agit d’aider les élèves. Derrière ses grands airs de foutoir, Bogotá est une grande dame très élégante. Elle est riche de ses diversités culturelles et de son histoire tumultueuse. L’éducation en Colombie y est excellente pour ceux qui savent être autonomes et passionnés. Cette ville aux multiples facettes recèle des véritables beautés à celui qui osera la découvrir.