L’entreprise Fairphone s’est donnée l’ambitieuse mission de contribuer à la création d’une économie plus équitable grâce à son premier smartphone. Elle a remporté jeudi 30 octobre, le Sustainia Award, un prix international qui récompense chaque année un projet qui aide à construire un avenir plus durable.
Créée en 2010 par le designer Bas Van Abel, l’entreprise sociale Fairphone est d’abord née d’un projet commun de la Waag Society, un institut de recherche qui investit dans les technologies créatives pour le développement social, de Action Aid, association humanitaire et de Schrijf-Schrijf. Leur but est de sensibiliser les populations aux conflits causés par l’exploitation de minerais appelés « minerais de sang », comme en République démocratique du Congo par exemple. Fairphone prend le titre d’entreprise sociale indépendante en 2013 pour concevoir et vendre son premier smartphone « équitable », fabriqué sans utiliser de minerais rares issus de pays en guerre. Un projet ambitieux qui vise à long terme à introduire des produits éthiques sur le marché de l’électronique. L’entreprise veut aussi donner la possibilité à la population de changer sa manière de consommer en prenant en compte des valeurs sociales. Basée à Amsterdam aux Pays-Bas, Fairphone compte aujourd’hui 31 employés de 14 nationalités différentes. Elle se veut indépendante financièrement mais a plusieurs partenaires comme Waag Society, Action Aid, GSM Locket dont elle reçoit des fonds. A l’heure actuelle, 52 000 téléphones ont déjà été vendus à travers le monde.
Maximiser l’impact social à chaque étape de production
Afin de mener à bien son objectif, l’entreprise agit au cœur de cinq zones d’action : l’exploitation minière d’abord, en utilisant des matériaux qui soutiennent les économies locales et ne proviennent pas de zones conflictuelles. Au niveau de la conception, l’entreprise privilégie la longévité et la possibilité de réparer son smartphone pour augmenter la durée de vie des appareils. Elle utilise également des pièces recyclables. Son but est de faire évoluer la relation que les gens ont avec leurs appareils. Fairphone est d’ailleurs doté d’un tutoriel qui explique aux utilisateurs comment conserver les performances de son téléphone plus longtemps.
Concernant la fabrication, Fairphone insiste sur trois points : des conditions de travail sécurisées, des salaires justes et la présence de représentants des salariés. Le but est d’établir une collaboration transparente avec les fabricants. Enfin, l’entreprise souhaite aboutir à un entreprenariat social : à travers ce projet de smartphone équitable, Fairphone veut faire prendre conscience aux consommateurs de la façon dont leurs objets du quotidien sont crées, d’où ils viennent et d’engager une discussion sur le commerce équitable.
Si l’entreprise propose un projet louable et certainement plein d’avenir, il n’en reste pas moins très ambitieux et n’a pour le moment pas atteint son objectif. Le smartphone n’est qu’un point de départ. Il est encore loin d’être complétement équitable : des milliers de normes sociales et écologiques peuvent être encore améliorées dans la production de smartphones. L’objectif pour Fairphone est de répondre progressivement à un certains nombre de ces normes pour intégrer des contraintes environnementales et de commerce équitable.
Le Fairphone à la loupe
Plusieurs rédactions se sont procurés le téléphone et l’ont testé pour leurs lecteurs. C’est le cas par exemple du Monde ou du site internet 01net. Côté design, le Fairphone est classique, soigné et solide mais lourd – 162g – et assez épais. L’écran, au format 4,3 pouces est de bonne qualité, au niveau de sa définition comme de ses couleurs. Fairphone s’inspire de l’Androïd 4.4.2 et en propose une version customisée. Très peu d’applications sont préalablement installées.
La batterie semble être un point fort du téléphone : elle permet une autonomie d’un jour, voire deux en cas d’utilisation peu intense de jeux et d’applications gourmandes en batterie. Atout également en terme de développement durable : le smartphone n’est pas vendu avec des câbles et des chargeurs. Il utilise un port standard qui lui permet de s’adapter à tout type de chargeurs, déjà très présents dans les ménages.
Concernant les points négatifs, les deux articles soulignent le manque de puissance du téléphone. Lent au démarrage des applications, il montre ses limites lorsqu’il est trop sollicité.
Vendu 310 euros hors frais de port, le Fairphone est donc dans l’ensemble une réussite qui demande tout de même quelques améliorations, notamment au niveau de sa puissance.
Crédit photos: site de Fairphone