David Fincher le producteur revient avec une nouvelle série: Mindhunter. Créé par Joe Penhall, scénariste de théâtre, le mélange des deux styles accouche d’une des série les plus intrigante de ces dernières années.

Comprendre pour éviter le pire

Mindhunter est une série qui s’articule autour d’une période charnière du FBI. Nous sommes dans les années 70 et un jeune agent, Holden Ford, va avoir l’idée puis l’opportunité de mener une série d’investigations et de recherches, pour comprendre le raisonnement et les actions commises par ceux qu’on appellera plus tard les tueurs de masse et les tueurs en série. Les deux agents chargés du travail de recherche scientifique dans la série sont inventés pour la série, mais l’idée globale racontée vient de la réalité. L’histoire de Mindhunter est en réalité celle de John Douglas, ancien agent du FBI, qui est devenu grâce à ses recherches l’un des premiers profiler du bureau fédéral d’investigations. La série est adaptée du livre de Douglas sur sa propre expérience.

Une série au propos subversif

David Fincher a toujours été fasciné par des personnages criminels hors norme, aux actes qui dépassent la compréhension classique. Il est alors évident qu’il a été subjugué par l’idée de montrer à l’écran les pires criminels de l’histoire américaine. L’écriture soignée de Joe Penhall couplée au style visuel de Fincher, avec ces plans ultra stables et aux mouvements clinique, fait mouche. Il en ressort des scènes glaçantes, hypnotiques, dérangeantes. On est, avec les agents Ford et Tench, en entretien avec les sociopathes les plus célèbres de l’histoire. Le malaise est palpable, tactile. Ces scènes font la richesse absolue de la série, on regarde et on écoute, avec une curiosité malsaine, le récit des meurtres commis par ces hommes. Edmund Kemper, Jerry Brudos, Richard Speck, Dennis Rader… On a sous nos yeux les criminels qui inspireront dans les années 80 les Freddy Krueger, Jason, Michael Myers. L’interprétation des acteurs est phénoménale, notamment Cameron Britton dans le rôle d’Edmund Kemper.

Mindhunter et le rapport à la morale

Ce qui est très fort avec cette première saison, c’est que la série aborde sans se cacher des problèmes idéologiques et moraux que posent la recherche scientifique et psychologique sur ces tueurs de masse et tueurs en série. Le propos est même complétement contemporain : est-ce qu’expliquer ne serait pas déjà pardonner ? Car c’est bien de ce dont-il est question avec les terroristes actuellement, ce sont des tueurs de masse. Est-il bon de comprendre le cheminement psychologique et intellectuel de ces tueurs pour pouvoir empêcher d’autres de sombrer dans le même processus ? Rentre-t-on dans la justice préventive ? Un tas de questions se posent, et sont abordées avec justesse par le show. La série évite également la représentation insultante et pleine d’amalgames que l’on fait régulièrement des malades mentaux en traitant de « fou » ces tueurs. Sur tout ces points, la série est un petit bijou. Une deuxième saison est déjà en préparation, on a hâte de voir la suite et de continuer notre cheminement dans la tête des sociopathes.

Mindhunter: la quête de la compréhension criminelle

par Christophe Lalevee Temps de lecture : 2 min
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