Et pendant ce temps Simone veille se joue du mercredi au samedi à 20h et le samedi à 17h, au Théâtre de la Contrescarpe, jusqu’au 29 juillet 2017.
Du féminisme bienveillant
Dès années 50 à nos jours, Et pendant ce temps, Simone veille !, est une pièce qui nous fait s’interroger sur le féminisme ou plus largement ce qu’implique le fait d’être une femme. Nathalie Portal, Hélène Serres et Vanina Sicurani campent 3 femmes sur quatre générations tandis que veille sur elles Simone (Dominique Mérot), notre gardienne de la condition féminine. Cette pièce fait rire et réfléchir en mêlant militantisme féministe et divertissement sans se prendre au sérieux. Tout commence après la guerre, dans un parc, où Marcelle et Jeanne se retrouvent. Arrive ensuite France. Les trois personnages que nous allons suivre correspondent chacune a une classe sociale particulière. Elles sont toutes les trois en train de s’occuper de leurs enfants, mais alors que Marcelle et Jeanne tiennent un discours plutôt complaisant envers leur situation, France se rappelle des beaux jours de la guerre où c’était elle qui dirigeait l’usine familiale. Preuve que la femme est aussi compétente que l’homme.
Dans les années 70, nos trois femmes se réjouissent d’obtenir la pilule : « Vas y donne, donne ! Je vais en prendre pour ma mère. Mais ta mère, elle est périmée ! On s’en fout, c’est rétroactif. Moi aussi, j’en veux pour ma fille. Ben, elle a huit ans ta fille ! Et ben, ce sera préventif ! ». La boucle est bouclée quand, à la fin de la pièce, on retrouve la première génération au paradis. Elles font le point sur l’évolution avec un humour caustique : « Et aujourd’hui, si René il me battait, je pourrais appeler SOS femmes battues. Oh ben oui parce que t’aurais un téléphone portable ! Quelle belle évolution ». Le féminisme est donc prôné dans cette pièce, mais comme le bon vin avec modération. Comme dirait Simone : « le féminisme est aussi affaire d’hommes. L’avenir du monde, c’est qu’on avance ensemble et pas en ennemis. Les hommes et les femmes sont égaux ».
Merci Simone
Dominique Mérot campe Simone, « la caution culturelle et intellectuelle de cette rétrospective ». Bien que ses complices soient tout aussi drôles, ce personnage restera notre préféré. De par son rôle, elle a toujours un mot à dire et toujours bon esprit : « Il faudra attendre quelques années pour que la télé arrive dans les foyers et que les soirées foot calment les ardeurs de nos maris ! Moulinex a libéré la femme. La télé soulagera l’utérus ». Les plus jeunes auraient aimé l’avoir comme prof d’histoire car c’est autre chose d’apprendre des dates avec elle : « 14 février 1865 : création du chèque en France. Il faudra attendre cent ans – 100 ans, 1965 ! – pour que la femme puisse gérer ses biens, ouvrir un compte en banque, exercer une profession sans l’autorisation du mari ». Les anecdotes de Simone sont aussi savoureuses que des Treets : « Les Treets étaient des petites cacahuètes enrobées de chocolat qui fondaient dans la bouche et pas dans la main ! Contrairement aux Smarties – où tu t’en mets partout, enfin c’est une horreur – les Treets n’ont pas disparu mais – victimes de la mondialisation et la super puissance américaine – ont été rebaptisées M&M’s. Tout comme Raider, deux doigts coupent faim est devenu Twix ». Quand les filles remercient Simone, elle est gênée, mais il s’agit de l’autre : « Pas toi, l’autre ! Garfunkel ? Mais non ! Simone Veil. Connais pas ! ». Mon œil !
Une comédie-revue
Pour défendre le féminisme, il faut une bonne dose d’humour, mais aussi de chansons ! Dès les premiers instants de la pièce, Simone se met à chantonner. Sur l’air de « Si tu vas à Rio » de Dario Moreno, elle entame un couplet à la gloire de Moulinex avec « Si tu as un robot ». Et ce n’est que le début. En effet, à chaque saut dans le temps, chaque changement de génération, les comédiennes nous gratifient d’un petit intermède musical. Ainsi pour passer des années 50 à 70, c’est Bambino qui est revisité en « Libido », 70 à 90 « Les Rois Mages » deviennent « Comme c’est dommage », 90 à 2010 « Oui je l’adore » se transforme en « Tchador », et en 2010 elles chantent « Où sont les hommes ». Pour finir, Simone Veil a le droit à sa chanson personnelle pour un ultime hommage sur l’air de « Belle », un joli clin d’œil. On apprécie particulièrement les paroles qui collent parfaitement avec la période traitée. Dans les années 70, Jeanine, Marceline et Francine chantent donc « Comme c’est dommage de galérer, pour aller pratiquer une IVG ».