On dirait bien que cette année, la ville de Lyon aura son cadeau de Noël un peu en avance! Après huit longues années d’attente, le musée des Confluences ouvrira ses portes le 19 décembre prochain. Enfin! Oui, parce que nous autres rhônalpins, après les 6 ans de retard de chantier, on a un peu hâte de voir le résultat! C’est en 2007 que le conseil général décida de revenir sur la scène culturelle nationale en repensant son musée d’histoire naturelle. Les collections du musée Guimet, proche du parc de la tête d’Or, sont donc délocalisées dans le nouveau quartier Confluence, créé, comme son nom l’indique, à la confluence de la Saône et du Rhône. Ce terrain stratégique, en entrée de ville, est le nouveau terrain de jeu de la municipalité pour renouveler la ville et créer un nouveau centre dynamique. L’implantation du musée dans ce contexte contemporain a pour vocation de redorer et dépoussiérer l’image de cette institution. Car ne nous voilons pas la face, depuis quelques décennies, la côte des musées d’histoire naturelle n’est pas au meilleur de sa forme. D’un point de vue interne, le musée des Confluences, musée d’histoire naturelle et des civilisations, se composera de quatre expositions permanentes, scénographiées par des équipes différentes, pour donner à chaque partie une certaine indépendance tout en gardant l’idée d’un parcours à travers l’histoire. Intitulées respectivement « origines, les récits du monde », « Espèce, la maille du vivant », « Sociétés, le théâtre des hommes » et « Eternité, vision de l’au-delà » les différentes étapes de la visite offriront au spectateur une vision d’ensemble sur l’histoire de la vie, des sociétés et de leurs aspect culturel par rapport à quelques thèmes, dont le rapport à la mort. Le musée a mis une grande énergie pour ré-intéresser les foules sur ces questions, que ce soit par l’acquisition de plusieurs fossiles, véritables « guest stars » de la collection, ou en mettant à disposition un morceau de Lune ou un tibia de dinosaure. L’idée est de transformer le spectateur en acteur, prenant part à l’exposition, et de remettre le musée à sa place de « vendeur de rêve », comme il pouvait l’être dans le passé, tant par les objets que par le bâtiment en lui-même. Cependant, ce dernier point est bien loin d’être accepté par tous. Architecture spectacle qui émerveille ou défiguration de la ville ? image de synthèse http://www.coop-himmelblau.at/architecture/video/musee-des-confluences-sketch Malgré toute ses bonnes volontés institutionnelles, le nuage/bateau/baleine/chamallow d’acier (oui pardonnez-moi, mais malgré le temps passé à le l’inspecter, la référence ne m’est toujours pas flagrante…) aura bien défrayé la chronique. Malheureusement, ce n’est pas pour son apport culturel, mais plus pour ses déboires économiques et esthétiques qu’il a été si médiatisé. Le rendu grisâtre de l’enveloppe inox est bien loin du rendu cristallin attendu au vu des images de synthèses proposées par l’agence. Ainsi, sa place idéale en entrée de ville, qui rend le bâtiment visible depuis l’autoroute, est aujourd’hui source de discorde. Effectivement, ce « nuage » menaçant s’impose sur Lyon, et offre comme entrée de ville un amas grisonnant, venant en opposition à une image que l’on aurait aimé lumineuse et invitante. Par cette architecture de mise en scène, on est bien loin des théories des grands architectes comme Alvar Aalto et Renzo Piano qui prônent l’intégration du bâtiment dans le tissu urbain et la construction de la ville comme une entité, et non pas comme un agglomérat d’objets architecturaux. En bref, tout le contraire de ce projet, commandé par le conseil général du Rhône! Mais l’impact néfaste du bâtiment sur la ville n’est pas seulement visuel et donc subjectif. Effectivement, l’architecture futuriste de l’agence autrichienne Coop Himmelb(l)au aura eu un (petit) impact sur l’enveloppe finale du projet, la faisant passer de 61 (estimés utopiquement en 2000), aux 328 millions d’euros finaux. Cette architecture de spectacle a un prix, et ici, l’ébahissement provoqué par ce visuel, plutôt… surprenant, est rendu possible par une quantité de matériaux monstre. Selon le conseil général, ce seraient aussi de grands concours de circonstances qui auraient fait grimper l’enveloppe. Ok, des erreurs sont possibles et fréquentes dans une lecture de projet, mais quand même… On pourrait se demander comment un tel dépassement de budget a pu être accepté, et comment des éléments aussi évident qu’un terrain instable en zone marécageuse, un tracé d’autoroute ou une structure mal dessinée qui a nécessité le double d’acier que d’origine ont pu être « omis »? Véritable hasard ou stratégie politique pour faire passer la pilule, je vous laisse en juger.