Les semaines se suivent et se ressemblent pour les dirigeants du football mondial. Après le Fifagate, les voici mis en cause dans une nouvelle affaire, celle des « Panama papers », des avoirs cachés dans des paradis fiscaux. Eclairage sur un scandale qui jette encore un peu plus le discrédit sur les patrons du foot mondial.

Platini, Valcke, Infantino… Pas une semaine ne passe sans que ces noms n’apparaissent dans les journaux. Pas dans la rubrique sportive, non. Dans la chronique judiciaire. Depuis des mois, les dirigeants du football mondial font les gros titres de la presse en matière de scandales politico-économiques.

Tout commence en mai 2015. Sept hauts dirigeants du football international sont arrêtés à Zurich, à la demande de la justice américaine, pour des pots-de-vin et des rétro-commissions. Après plusieurs revirements de situation, Sepp Blatter, le président de la FIFA, démissionne. Alors que de nouvelles élections se préparent, la justice suisse met en cause Blatter et Platini, qui doit se retirer de la course à la présidence de la FIFA. Les deux hommes sont sanctionnés et un nouveau président est élu le 26 février dernier, Gianni Infantino, ancien secrétaire de l’UEFA. L’espoir de revoir des instances du football propres renaît, le ménage semble avoir été fait.

C’était sans compter sur les révélations de 109 médias à travers le monde concernant les dessous de la finance offshore internationale. Des informations rendues publiques progressivement à partir du dimanche 3 avril et qui mettent en cause près de 140 personnalités. Des hommes politiques, des hommes d’affaires, mais aussi des sportifs accusés de posséder des avoirs cachés dans des paradis fiscaux, profitant du système de comptes offshore. Et parmi les acteurs du monde sportif : Michel Platini, Jérôme Valcke ou encore Gianni Infantino, déjà fortement incriminés dans le Fifagate.

Panama : Platoche sur la sellette

Après s’être vu interdit de toute activité dans le football, Michel Platini apparaît donc dans la liste des personnalités concernées par les révélations des Panama papers. De quoi ternir encore un peu plus l’image de l’ancien capitaine des Bleus. La lente chute de l’idole commence en septembre 2015. Favori pour le poste de président de la FIFA (après la démission de Sepp Blatter), Platini est brusquement mis en cause par la justice suisse. Dans le cadre des investigations du Fifagate, les juridictions helvètes pointent du doigt un versement suspect de 1,8 millions d’euros reçu de Joseph Blatter, l’ancien patron de la Fifa. Michel Platini est suspendu six ans de toute activité du monde du football et privé de sa présidence du football européen (UEFA).

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Le nom de Michel Platini apparaît dans la liste des personnalités du football liées à l’affaire des panama papers. AFP PHOTO / FABRICE COFFRINI

Ce dimanche 3 avril, Michel Platini s’est donc de nouveau retrouvé sous le feu des projecteurs puisque son nom apparaît dans la liste de 140 personnalités concernées par les révélations dites du panama papers. Ainsi, en 2007, Michel Platini aurait eu recours aux services du cabinet d’avocats de Mossack Fonseca (d’où viennent les documents, les « papers ») pour administrer une société au Panama. Une société nommée Balney Enterprises Corp et toujours active actuellement selon Le Monde. 3 Balney Enterprises Corp. est toujours active et répertoriée au registre du commerce panaméen. Elle détient un compte à la banque suisse Baring Brothers Sturdza SA, rebaptisée en janvier Eric Sturdza et sise à Genève.

Au lendemain des révélations, le journal Le Monde se demande : « A quoi sert Balney, créée à l’initiative de cette banque, et chapeautée par cinq directeurs, manifestement des prête-noms ? Pourquoi Michel Platini, 60 ans, a-t-il procuration pour cette mystérieuse société ? ». Des questions sans réponse pour l’instant, mais qui jettent encore un peu plus l’opprobre sur l’ancien candidat à la présidence de la FIFA. Platini a immédiatement réagi. Dès dimanche soir, l’ex-numéro 10 a publié un communiqué. En réponse à ces accusations, son service de communication a fait savoir « que l’intégralité de ses comptes et avoirs sont connus de l’administration fiscale suisse, pays dont il est résident fiscal depuis 2007. […] Par ailleurs, [Michel Platini] réserve tous ses droits quant à d’éventuelles fausses informations, allégations ou propos diffamatoires qui seraient publiés dans le cadre de ce travail journalistique », poursuit son service de communication. Pas de quoi néanmoins redorer l’image d’un Platini plus que jamais embourbé dans les affaires…

Le siège du football européen perquisitionné

Un autre homme, autrefois personnage important du football mondial, poursuit, lui aussi sa lente descente aux enfers. Jérome Valcke, l’ancien secrétaire de la FIFA et bras droit de Sepp Blatter, a été licencié mi-janvier après avoir été mis en cause dans une affaire de revente de billets du Mondial-2014.Cette fois-ci, son nom apparaît dans les « Panama papers » en tant que propriétaire d’une société basée aux Îles Vierges britanniques et créée en juillet 2013, apparemment pour acheter un yacht enregistré aux Iles Caïmans.

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Jérôme Valcke, ancien secrétaire de la Fédération internationale de football, de nouveau mis en cause par les panama papers. Alexei Danichev / Ria Novosti / AFP

Mais c’est aussi sur celui que résidait l’espoir d’une FIFA « propre » que le discrédit est désormais jeté. Gianni Infantino, l’ancien secrétaire de l’UEFA, soutien de Michel Platini et nouveau président élu de la FIFA depuis le 26 février dernier, est lui aussi mis en cause. Il lui est reproché d’avoir signé des contrats avec une société offshore pour céder des droits télévisés en dessous des prix du marché alors qu’il dirigeait le département juridique de l’UEFA. Le siège du football européen en Suisse a d’ailleurs été perquisitionné par la police mercredi 6 avril. La justice helvète cherchait ces fameux contrats. Infantino s’est dit consterné « Rien n’indique qu’un méfait a été commis par l’UEFA ou par moi-même, a assuré Gianni Infantino dans un communiqué. Je suis consterné et n’accepterai pas que mon intégrité soit mise en doute par certains médias. »

Le football mondial encore affaibli suite aux Panama papers

De ces nouvelles révélations, la FIFA sort encore plus fragilisée. Pire, elle, ses membres, et de manière générale l’ensemble des instances du football mondial semblent pris dans un tourbillon d’affaires dont il parait impossible de sortir. Les voilà de plus en plus discréditées, au point où certains ne semblent même plus surpris de voir des noms comme Platini ou Valcke apparaître dans de nouveaux scandales. Le football mondial et ses instances sont définitivement en crise. Rien ne semble pouvoir les sauver. À moins que le sportif reprenne le dessus sur les affaires judiciaires… Rendez-vous à l’Euro 2016 en France pour peut-être tourner une nouvelle page pour le football mondial.

Marion Fournet

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Panama papers : le football mondial dans la tourme…

par La Rédaction Temps de lecture : 5 min
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