Qui a dit qu’homme politique rimait avec zéro déboires judiciaires ? Entre le Parti Socialiste et l’UMP, les condamnations et mises en examens sont difficiles à compter et les membres du gouvernement ne s’en sont pas dispensés. Pourtant, le 12 avril 2012, François Hollande déclarait au JDD : « Moi président, je m’engage à ne pas m’entourer de personnes jugées et condamnées ». Aujourd’hui, le gouvernement de Mr Valls semble pourtant être encore entaché de quelques condamnations (Alain Juppé, Jean-Marc Ayrault, Ségolène Royal). Mais au-delà des sujets de Mr Hollande, c’est tout le paysage politique français qui semble avoir été fâché avec la justice. Alors, certes, tous n’ont pas été condamnés, mais beaucoup ont été ou sont impliqués et mis en examen dans diverses affaires judiciaires.
Ces ministres et chefs d’Etats passés par la case justice
Jean Marc AYRAULT (PS)
Jean Marc Ayrault, ministre des Affaires étrangères depuis le 11 janvier 2016, est condamné en 1997 à six mois de prison avec sursis et 30 000 francs (4600 euros) d’amende, pour délit de favoritisme dans l’attribution d’un marché public.
Cette condamnation a donc été effacée. Dans le langage juridique, cela s’appelle une « réhabilitation », prévue par le code pénal pour toute personne condamnée et qui dans des délais fixés selon les infractions, n’a subi aucune autre condamnation. La réhabilitation de Jean Marc Ayrault était donc effective en 2007, soit dix ans après sa condamnation.
Ségolène ROYAL (PS)
Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, a été condamnée pour des licenciements abusifs datant de 1997. Après la dissolution de l’Assemblée nationale, Ségolène Royal avait licencié, comme tous ses collègues députés, ses collaboratrices, attachées parlementaires. Les deux femmes affirmant avoir continué à travailler pour elle pendant la campagne, puis jusqu’en juillet, après son entrée dans le gouvernement Jospin, l’avaient attaquée devant le conseil des prud’hommes.
Harlem DESIR (PS)
Harlem Désir, l’actuel secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes est condamné en 1998 à 18 mois de prison avec sursis et 30 000 francs (4600 euros) d’amende pour recel d’abus de biens sociaux. De novembre 1986 à octobre 1987, il a reçu un salaire fictif mensuel de 10 500 francs (1600 euros) de l’Association régionale pour la formation et l’éducation des migrants.
…. Et la palme des repris de justices hors classement est attribué à Christiane Taubira. Cette phrase qui pourrait sonner comme une blague de mauvais goût ne l’est pas. L’ancienne Garde des Sceaux (2012-2016), Christiane Taubira, a bel et bien été condamnée le 27 septembre 2004 par le tribunal des Prud’hommes pour licenciement abusif, rupture abusive de contrat, et à verser 5300 euros après avoir exploité son ancienne employée. C’est à croire que François Hollande n’a pas trouvé assez de casiers vierges dans le paysage politique français.
Ces autres hommes politiques mis en examens ou condamnées par la justice mais qui continuent à occuper des fonctions éminentes
Nicolas SARKOZY (LR)
Nicolas Sarkozy, président des Républicain et membre du conseil constitutionnel français, semble être le plus mauvais élève de ces dernières années. Déjà poursuivi dans l’affaire des écoutes de l’Élysée, Nicolas Sarkozy a été mis en examen au mois de février 2016 pour financement illégal de sa campagne présidentielle 2012 dans l’enquête sur les fausses factures de Bygmalion. C’est donc sa deuxième mise en examen sans compter qu’il a été, depuis le début de sa carrière, impliqué peu ou prou dans neuf affaires :
► Affaire Bygmalion
► Enquête sur les comptes de campagne de 2012
► Affaire des écoutes
► Enquête sur des contrats passés entre la France et le Kazakhstan
► Les sondages de l’Elysée
► Affaire Karachi
► Affaire des financements de sa campagne de 2012 par Kadhafi
► Affaire Lagarde/Tapie
► Des voyages d’affaires suspects
Anne HIDALGO (PS)
Anne Hidalgo, maire de Paris, condamnée en 2012 à 40 000 € d’amende pour infraction à la législation sur la durée du travail. Cela démarre en 2011 par le suicide d’une salariée de l’Atelier Parisien de l’Urbanisme, à la suite duquel l’Inspection du Travail décide d’ouvrir une enquête et découvre de nombreuses heures supplémentaires non payées. Rappelons qu’Anne Hidalgo a été inspectrice du travail durant 9 ans (1984 à 1993).
Jean-Marie LE PEN (FN)
Jean-Marie Le Pen, président d’honneur du Front national et député européen, est champion toutes catégories sur la liste des condamnations. Entre ses incitations à la haine raciale, le jeu de mots « Durafour crématoire », visant le ministre de la Fonction publique et la Shoah considérée comme un « point de détail » de la Seconde Guerre Mondiale, il a été condamné plusieurs fois à des peines d’inéligibilité, de prison avec sursis et beaucoup d’amendes.
Jean-Christophe CAMBADELIS (PS)
Jean-Christophe Cambadélis, actuel premier secrétaire du Parti Socialiste, a été condamné deux fois. En 2000, il a été condamné à cinq mois de prison avec sursis et 100.000 francs (15.000 euros) d’amende pour avoir été l’heureux bénéficiaire d’un emploi fictif dans une société de foyers de travailleurs immigrés. En 2006, il a été jugé coupable de recel d’abus de confiance et condamné à six mois de prison avec sursis et 20.000 euros d’amende dans l’affaire des emplois fictifs de la MNEF (Mutuelle Nationale des Etudiants de France).
Laurent FABIUS (PS)
Laurent Fabius, l’actuel président du Conseil Constitutionnel depuis le 8 mars 2016 n’a pas été condamné, mais a largement été impliqué dans l’affaire du sang contaminé dans les années 90 et a comparu devant la Cours de justice de la République pour « homicide involontaire ». Il est finalement relaxé du délit d’« atteinte involontaire à la vie » en mars 1999 par la Cour de Justice de la République. Néanmoins, « Responsable mais pas coupable » est l’expression qui reste associée à l’encontre de Laurent Fabius.
Sans compter François Rebsamen, Jean-Noël Guérini, Patrick Balkany, Christian Estrosi …
Cette liste, loin d’être exhaustive, montre qu’exemplarité et irréprochabilité ne sont pas les caractéristiques qui ressortent le plus du paysage politique français. En 2012, il été pourtant question de « République exemplaire ». Si le terme « repris de justice » figure dans la définition d’ « exemplarité » , il y figure plutôt comme contre-exemple et non pas comme exemple. Le paysage politique français semble donc être constitué de mains douteuses…
Elodie Tymen