Skam (honte en norvégien) est la série dont tout le monde parle depuis des semaines. Un personnage central par saison tel est le fonctionnement de cette série « made in Norway » qui dépeint la vie d’adolescents, jeunes adultes d’un réalisme inestimable et rare comme le faisait Hartley coeur à vif. L’engouement est tel qu’en Norvège, la série a rassemblé plus d’un million de spectateurs, dans un pays qui compte cinq millions d’habitants. L’engouement mondial est tel qu’une version américaine est prévue mais ne dit-on pas que rien ne sera jamais meilleur que l’original ? Avec une note de 9,1/10 sur IMDb, Skam compte pour le moment trois saisons, une quatrième arrive bientôt. La première est centrée sur Eva et sa bande de copines, la deuxième sur Noora, la féministe de la série et toujours la même bande de copines et la troisième, celle qui a d’ailleurs fait les meilleures audiences et qui a lancé le « phénomène Skam » dans le Monde entier, sur Isak, sa bande de copains et ses interrogations personnelles.
Skam, ancré dans sa génération
Skam est la première série à interagir directement avec ses spectateurs. Comment ? De la plus cool des façons : les réseaux sociaux. Chaque personnage a un profil Instagram leur donnant une dimension réelle. Ils ne sont plus des personnages de fiction, le spectateur peut les toucher du bout des doigts et surtout, ils sont ancrés dans la « génération réseaux sociaux », dans notre génération.
Le compte officiel de la série publie en temps réel, des SMS entre les personnages. Si un message a été envoyé à 12h20, il sera publié sur le compte à 12h20. Ils postent aussi une vidéo avant chaque épisode sur le Facebook officiel de la série mais aussi des photos.
Toujours en respectant ce souci de réalisme rendant Skam et ses personnages l’un des nôtres, les ancrant dans une realité offscreen.
Skam, c’est aussi une immersion totale dans les problèmes de notre société.
Des progressistes « made in Norway »
Comme je l’ai déjà dit plus haut, Skam est une série d’un réalisme rare, un bijou norvégien. Pour une fois dans une série, ce ne sont pas des acteurs de 25 ans qui jouent des jeunes de 17 ou 20 ans. Non, par exemple dans Skam, Eva qui est une fille de 18 ans est jouée par une actrice de 18 ans, pareil pour Isak qui a lui, 17 ans. Les acteurs sont beaux, non pas parce qu’ils ont une plastique de rêve comme dans Pretty Little Liars ou Gossip Girl. Non, ils sont beaux parce qu’ils sont comme nous, parce qu’ils nous ressemblent, parce qu’on peut s’identifier physiquement et mentalement à eux et parce que même si l’une d’entre elles est enrobée, elle s’en moque.
Cette série dépeint beaucoup plus que de simples histoires d’amour. Elle va au-delà. Elle met aussi en scène des sujets forts qui touchent les ados mais pas que, des sujets plus que d’actualité (la crise des réfugiés, l’islamophobie). De manière naturelle et non pas surjouée ou exagérée comme c’est le cas dans d’autres séries. Skam prône la diversité, est pro-féministe à l’image de sa créatrice Julie Andem ou de son personnage Noora.
L’écriture est efficace et naturelle. Les troubles alimentaires sont traités sans tomber dans le pathos. L’homosexualité n’est pas vécue comme « la troisième guerre mondiale » mais comme une sexualité comme une autre avec une scène de coming out brillante, pure et tout en finesse. L’une des plus brillantes que j’ai vue. Skam parle aussi de bipolarité, de viol, de slut shaming et de religion avec notamment Sana, une bad ass ironique, l’un des personnages forts et symboliques de cette série.
Skam nous montre le progressisme dont font preuve les norvégiens nous reléguant, nous français, au rang de fermés d’esprit.
Après avoir vu trois saisons géniales, nous sommes en droit d’émettre des réserves sur la version made in USA qui serait puritaine et américanisée et n’ayant rien à voir avec l’essence de Skam. Comme le fiasco de la version américaine de Skins.
La saison 4 originale sort dans deux mois et nous avons hâte de connaitre le visage du nouveau personnage central. Sana, Even ? Je vous laisse découvrir ou redécouvrir ces élèves d’Oslo pour (mon) votre plus grand plaisir.