Aujourd’hui sort, aux éditions Flammarion, le nouveau roman de Thomas Raphaël : J’aime le sexe mais je préfère la pizza. L’auteur se dévoile de façon pudique et drôle, mais véritablement sans tabou : « Ce que j’aime avec ce livre c’est partager une forme d’excitation qu’il y a à dominer nos vies en les racontant ». J’aime le sexe mais je préfère la pizza, nous fait penser au film Le premier jour du reste de ta vie. L’histoire raconte les moments fondateurs de la vie du romancier avec nostalgie et bienveillance.

Souvenirs d’Isabelle

Thomas Raphaël dans ce roman brosse un portrait touchant de certains membres de sa famille. La première personne qui ressort est sa grand-mère Isabelle avec qu’il a des liens très forts. Le chapitre intitulé « Souvenirs d’Isabelle » est d’ailleurs exacte à la virgule près puisqu’il s’agit de la retranscription d’une conversation entre l’auteur et sa grand-mère. Au-delà de ce chapitre, la présence de cette femme est partout. Suite au suicide d’un voisin, Thomas Raphaël appellera Isabelle en premier et non ses parents. Les personnages masculins dans la famille ne sont que peu développé. On saisi que l’auteur parle de deux frères Clément et Adrien, mais son père n’est point nommé. Karine, sa cousine, tient par contre une place de choix dans la récollection des souvenirs de Thomas Raphaël. Il est aussi mentionné Laurence. Sa mère préfère les histoires d’hôpitaux psychiatriques et trouve que jouer au loto à Noël est la prochaine folie. L’auteur à son propos : « Les meilleurs fous au répertoire de ma mère, ses cas cliniques les plus spectaculaires, qu’elle étudie et qu’elle défend sont les monstrueux romanciers Amélie Nothomb et Daniel Pennac » (P46).

L’amour, la sexualité & Thomas Raphaël

L’auteur aborde son homosexualité sans détours. Il est donc question dans J’aime le sexe mais je préfère la pizza de la première fois que ce soit avec une femme ou un homme ainsi que le fameux coming out aux parents. Dans le chapitre Cécile, on apprend que Thomas a d’abord eu des conquêtes féminines : Marine, Sophie, Camille et Cécile ! Cependant, on découvre vite que le sexe avec la gente féminine ne lui plaît pas des masses : « j’avais probablement la même flamme dans le regard que quelqu’un qui enfile des gants Mapa pour récurer une baignoire entartrée » (P89). Il y a de l’idée dans la comparaison, mais c’est un peu triste ! Au contraire, tout paraît des plus naturels avec son ami Gaspard. Thomas Raphaël parle de sa sexualité de façon très personnel : « Homosexuel, ce n’était pas un métier, et le métier que je voulais faire, l’avenir dont je rêvais, je ne pouvais pas l’avouer non plus » (P109) ou encore « Être homosexuel, dans mon esprit, consistait surtout à dire que vous aviez un roman à finir quand on vous proposait de jouer au volley » (P120). L’auteur s’amuse même de ses sentiments : « Voyons comment ça se poursuit, mais je n’écarte aucune possibilité, aucun scénario dans lequel, par exemple, mon orientation sexuelle serait remise en jeu avant la fin de la nuit » (P198). L’amour de sa vie restera quoiqu’il arrive Mike, un homme si proche et pourtant si loin de lui.

Délinquance

Thomas Raphaël nous raconte sa vie plutôt normale où l’idée de transgression s’avère relever du concept. Durant son adolescence, il a, comme beaucoup de gens, essayé l’herbe : « Il était gros par endroit, maigre par endroit, troué par endroit, c’était le pire joint que l’adolescence ait jamais roulé » (P86), mais sans non plus être un gros consommateur. Son passage à l’âge adulte s’est plutôt fait dans le calme, c’est pourquoi il s’est interrogé : « Pouvait-on organiser soi-même sa propre crise d’adolescence ? » (P133). Le seul côté un petit peu « spécial » du garçon demeure dans un fantasme particulier : « On nous met en garde contre les sectes. Moi j’avais le fantasme qu’on essaie de me recruter » (P142). Hormis cela, Thomas Raphaël est un gentil garçon, comme il le dit lui-même : « Avant Mike, l’histoire la plus intéressante que j’avais à raconter était la fois où, au salon du livre de Bordeaux, j’avais demandé un autographe à Alain Juppé » (P233). Sa subversion vient donc premièrement de son homosexualité qu’il aborde sans tabous, mais surtout de son style. Cru et sans retenu, Thomas Raphaël, c’est ça : « J’ai dû avoir la tête d’une prostituée à qui on propose des heures sup non payées » (P104). On retiendra surtout une phrase sur l’acceptation de soi, que l’on fera sienne : « Il y a un plaisir, même dans le bonheur, à avancer pas à pas. Sans se comparer aux autres. En ne se comparant qu’à soi » (P135).

Tous les mardis et vendredis, nos rédactrices de la rubrique littérature vous parlent d’un livre qu’elles ont aimé. Ne tardez plus, allez découvrir nos autres chroniques !

Thomas Raphaël : sexe, pizza & Folie douce

par Aliénor Perignon Temps de lecture : 3 min
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