Michael Cuesta, réalisateur de Secret d’Etat, continue dans l’espionnage avec le film American Assassin. Cette fois, il adapte l’œuvre du romancier à succès Vince Flynn. American Assassin est le préquel de la saga littéraire, où on apprend comment Mitch Rapp devient un agent de la CIA. Si le film connaît la même réussite, Dylan O’Brien pourrait devenir le héros d’une véritable franchise. Retour sur un film d’action qui plaît et dérange…

American Assassin : upside

Les acteurs

Après Le labyrinthe et Teen Wolf, voici Dylan O’Brien dans un rôle beaucoup plus saignant, plus adulte, et on apprécie. Il a d’ailleurs été choisi pour son jeune âge, mais pas que : « Dylan est typiquement américain et a un air de monsieur tout le monde à qui on s’identifie facilement. Mitch a subi un profond traumatisme émotionnel que Dylan a su exploiter à l’écran de manière très personnelle. » (Nich Wechsler, producteur). L’harmonie est parfaite entre le jeune homme et son mentor, joué par Michael Keaton. Revoilà l’acteur dans un autre registre de film d’action après Spider-Man Homecoming. Ce rôle de formateur un peu bourru lui va à ravir et au côté de Mitch on le voit s’humaniser peu à peu. Mention spéciale aussi à David Suchet, quelle ne fut pas ma surprise de le voir jouer dans ce long-métrage ! On aime le voir à l’écran dans un autre costume que celui d’Hercule Poirot.

L’action

La scène d’ouverture de tuerie sur une plage, à l’image de ce qui s’est passé en Tunisie en 2015, est choquante évidemment, mais particulièrement réussie. Les figurants sont d’ailleurs très convaincants et donnent réellement corps à un mouvement de foule impressionnant. American Assassin examine donc les conséquences du terrorisme sur un plan personnel, car c’est cet évènement tragique qui va définir le personnage de Mitch. Toutes les scènes d’actions du film partent de ce basculement. Il y en pléthore, mais celle qui retient l’attention au demeurant se trouve à la fin du film. Il faut savoir que la bombe nucléaire imaginée pèse 70 kg, ce qui est 30 fois plus puissant que celle lâchée sur Nagasaki. Le réalisateur, a voulu créer quelque chose d’inédit au cinéma et a insisté pour filmer d’un point de vue interne pour mieux happer le spectateur. Effet garanti !

Downside

Trop…

American Assassin ne souffre d’aucun temps morts et parfois, on aurait aimé. Pourquoi ? Réponse simple : trop de chaos tue parfois le chaos. Sans mauvais jeu de mots, et comme le dit le Telegraph : « every crowd of civilians is basically a massacre-in-waiting » et ça c’est dérangeant. La première scène à Ibiza installait le contexte, et oui, on ne fait pas un film d’action pareil sans gouttes de sang, mais que ce soit à Rome ou à Istanbul, on n’aimerait pas être un vulgaire civil. Dans un contexte où le monde a trop vu d’attentats, il n’est peut-être pas de bon goût de rappeler aux spectateurs que l’on peut mourir en allant boire un verre en terrasse. La mort apparaît d’ailleurs plutôt banale et alors que l’on appréciait un personnage, sa fin nous laisse insensible. Ce n’est pas triste du coup et c’est dommage !

Ou pas assez ?

Si le personnage de Taylor Kitsch est intéressant en tant que Némésis de Mitch Rapp, on regrette un peu que ce soit lui le vilain de l’histoire. Explications. Au départ, Mitch veut détruire la cellule djihadiste qui a perpétré la tuerie où sa bien aimée à trouver la mort, mais très vite l’histoire part sur autre chose. L’enquête se concentre sur du plutonium volé et sur une conspiration du gouvernement israélien pour mettre la main sur un arsenal nucléaire. Très vite, on se rend compte que Ghost (Taylor Kitsch) est derrière tout ça et il ne s’agit alors plus de terrorisme à l’échelle mondiale, mais d’une vulgaire soif de vengeance. L’ex recrue de la ferme qui n’a pas supporté d’être abandonné par son mentor Stan Hurley, ou le vrai démantèlement d’une cellule, quelle est la meilleure histoire ? On ne saura jamais…

American Assassin: Dylan O’Brien kills like a lion

par Aliénor Perignon Temps de lecture : 3 min
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