Depuis l’annonce des résultats du premier tour de l’élection présidentielle, la France connaît une crise sans précédent. Le pays est divisé en deux camps distincts qui se livrent une guerre sans merci sur les réseaux sociaux : ceux qui prônent le Front Républicain coûte que coûte contre ceux qui ne souhaitent pas choisir entre « la peste et le choléra ». Autant vous le dire tout de suite, l’objet de cet article n’est pas de prendre le parti de l’un de ces deux camps, mais simplement de vous permettre de vous y retrouver.

Front Républicain : faire barrage à Marine Le Pen

Argument n°1 : Voter pour Emmanuel Macron, c’est « voter pour quelqu’un dont je ne veux pas, afin d’éviter quelqu’un dont je veux encore moins » (Jean-Noël Lafargue)
Le principe du Front Républicain est de penser à court terme face à l’urgence de la situation. Il ne s’agit en aucun cas d’un vote d’adhésion, mais plutôt d’un vote d’opposition ou de refus. L’idée est en finalement de réduire les chances de Marine Le Pen de passer au second tour en donnant sa voix à Emmanuel Macron.

Argument n°2 : La victoire d’Emmanuel Macron permettrait de contourner « une menace rédhibitoire pour nos libertés et nos droits » (Christiane Taubira)
L’une des questions qu’il est important de se poser dans une telle situation est la suivante : suis-je prêt(e) à mettre en péril notre démocratie ? Car il faut bien l’avouer, le Front national représente clairement un danger pour l’Europe et les relations internationales en général. Il n’y a qu’à imaginer un G7 en présence de Marine Le Pen, de Vladimir Poutine et de Donald Trump… ou encore les décisions que pourrait prendre le futur Conseil de sécurité des Nations unies…

Argument n°3 : Je fais ce choix « malgré moi, en mon âme et conscience » mais « je serai un opposant ferme à Emmanuel Macron dès le 8 mai au matin » (François Ruffin)
Voter pour Emmanuel Macron, c’est aussi se donner les moyens de s’opposer démocratiquement à lui. Imaginez-vous sérieusement que Marine Le Pen nous laisserait manifester ou exprimer notre mécontentement ? Notez également qu’il sera toujours possible d’influencer la politique du candidat d’En Marche à l’occasion des élections législatives. Or, si le Front National obtient un score élevé ce dimanche, il pèsera davantage dans l’opposition.

#SansMoiLe7Mai : Ni patron, ni patrie

Argument n°1 : Il est absurde de ne combattre le Front National que lors des grands scrutins nationaux
Comment peut-on laisser entrer le Front National dans des institutions telles que l’Assemblée nationale ou le Sénat et demander ensuite aux électeurs de lui faire barrage ? Pourquoi ne pas interdire directement ce parti s’il représente une telle menace pour notre démocratie ? Il faut arrêter de reprocher aux personnes qui souhaitent s’abstenir ou voter blanc de faire le jeu de Marine Le Pen : les seules personnes qui seront réellement responsables de sa victoire seront ses propres électeurs.

Argument n°2 : Je ne veux plus voter pour le moins pire
Voter blanc, c’est montrer qu’aucun des deux candidats ne nous convient alors que voter Emmanuel Macron, c’est renier nos convictions. Pour certains électeurs, il est tout simplement impossible de voter pour une politique à laquelle ils n’adhèrent pas du tout. Hier, nous apprenions justement que deux tiers des électeurs de la France Insoumise opteraient pour le vote blanc ou l’abstention. Après tout, Emmanuel Macron a délibérément fait le choix de ne pas saisir la perche tendue par Jean-Luc Mélenchon concernant sa réforme du droit du travail. Alors pourquoi feraient-ils un effort ?

Argument n°3 : En cas d’abstention massive, le candidat sortant sera moins crédible
L’abstention est visible, elle, contrairement au vote blanc. C’est une donnée qui est largement suivie et commentée. Le vote blanc, lui, n’est tout simplement pas pris en compte dans le résultat final.

Conclusion

Cet entre-deux tours suscite beaucoup de tensions sur les réseaux sociaux. Le camp du « Ni-Ni » doit souvent faire face à un discours culpabilisant de la part des partisans du Front Républicain. Mais est-ce bien judicieux de ne pas laisser le temps à chacun de digérer les choses ? Si en 2002, le Front Républicain n’était pas une question, il est clair que les choses ont bien changé. Certains feront clairement le choix de s’abstenir ou de voter blanc et il faudra bien s’en accommoder quoi qu’il en soit. L’important n’est-il pas de voter en son âme et conscience pour n’avoir aucun regret par la suite ? Si oui, il faut aussi respecter les états d’âme de ceux qui ne peuvent se résoudre à choisir.

Front Républicain : le casse-tête de l’entre-deux tours

par Aude Norguin Temps de lecture : 3 min
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