Le 8 février sur FX sortait la dernière création de Noah Hawley : Legion. Dans cette série, on découvre David Haller, le fils du professeur Charles Xavier. Il est magistralement interprété par Dan Stevens. Parler encore de super-héros est un pari risqué, mais plutôt réussi pour le réalisateur, car il déconstruit tous les codes du genre. Après avoir vu les trois premiers épisodes, on vous donne notre avis. Bienvenue dans un trip cérébral !
David Haller : un homme différent
Legion raconte l’histoire de David Haller, un personnage profondément dérouté qui pense être schizophrénique. On le retrouve donc à Clockworks, l’hôpital psychiatrique où il est interné. Dans le premier épisode, aucune trace concrète de son gène mutant, ni de son père le fameux X-Men Charles Xavier. Noah Hawley n’est pas là pour parler de ça, il se concentre sur le côté tourmenté du jeune homme, sa psychologie. David Haller entend des voix, mais ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il est télépathe, alors évidemment, il passe pour un fou. Tandis qu’on suit ses séances de thérapie et sa vie au sein d’une institution cloisonnée, une rencontre avec une jeune femme va bousculer son existence. Syd Barrett est dotée de pouvoirs, elle se lie avec David très rapidement, mais ils ne peuvent se toucher. Ils entament donc une romance cérébrale. Quand David, désespéré de la voir partir, l’embrassera, leurs deux corps permutent. D’une institution à une autre, il n’y a qu’un pas, puisqu’après avoir été interrogé par la division 3, David est secouru pour aller vivre dans « une maison pour mutants » très semblable au manoir de Charles-Xavier dans X-Men. Le deuxième et troisième épisode se concentre donc sur les souvenirs du jeune homme. Mélanie Bird veut aider David à « réécrire l’histoire de sa vie ». Elle fait ainsi appel à Ptonomy, le mutant de la mémoire. Tous les trois, ils se plongent dans le subconscient du télépathe, car la clé de ses pouvoirs se trouve dans sa tête. Toutefois, le voyage dans ce labyrinthe mental n’est pas simple, David réprime certains souvenirs, car il doute de tout, présent comme passé.
Legion : la vision de Noah Hawley
Noah Hawley avec Legion nous embarque dans une réelle expérience sensorielle qui déstabilise. Les frontières sont opaques, la réalité se mélange entre visions et souvenirs… On entre dans la mémoire de David de plusieurs façons : à travers le « memory cube », quand Cory effectue des tests dans son laboratoire ou encore avec ses rêves. Le constant balancement entre le présent et le passé de David participe à embrouiller le spectateur. Toutefois, la réalisation très marquée fait en sorte de bien séparer les deux temporalités. Noah Hawley utilise des couleurs comme le rouge ou le bleu dans une optique hypnotique. Quelques scènes sont très particulières, comme celle, dans le premier épisode, où les personnages dansent de manière loufoque avec en fond sonore une chanson française. Plusieurs fois, on aura l’occasion aussi d’assister à « l’épisode de la vaisselle cassée », le moment où David part en vrille dans sa cuisine après une dispute avec sa petite amie de l’époque Philly. Dans le 3e épisode, Noah Hawley, choisit de filmer David et Syd en hologrammes quand David arrive à voir ce qu’il arrive à sa sœur Amy. Les souvenirs du jeune homme oscillent entre l’absurde avec le personnage de Lenny et l’horreur avec le démon aux yeux jaunes. Ces deux personnages sont déroutants et pourtant omniprésents dans le subconscient du héros. Legion est un thriller cauchemardesque où l’on trouve toutefois un petit côté romantique quand David et Syd se retrouvent enfin seuls.