Désignée comme successeur de l’émission Des paroles et des actes, L’Émission politique, comme son nom l’indique, se veut au centre du débat pour la présidentielle de 2017. Pour ce faire, David Pujadas et Léa Salamé convient une personnalité politique de premier plan appelée à débattre sur des thèmes de l’actualité économique, sociale, politique ou institutionnelle du moment avec des journalistes, des personnalités de la société civile et des citoyens. Retour sur le premier numéro de L’Émission politique.

L’invité du 15 septembre : Nicolas Sarkozy (LR)

« Peut-il relever le défi ? Peut-il devenir le premier Président battu à opérer une reconquête ? Il a gardé ses atouts : l’énergie, la combativité. Il a gardé ses détracteurs : ceux qui n’y voient qu’agitation et goût de la revanche. Qui dit vrai ? En librairie, il a déjà gagné : son livre Tout pour la France est un carton mais la politique n’est pas faîte de papier. » Introduction de L’Émission politique avec Nicolas Sarkozy

Sur le vif - Questions d’actualité

Sans grande surprise, le premier thème abordé a été la lutte antiterroriste. Et sur ce point, il faut dire que Nicolas Sarkozy a de grands projets : centres de déradicalisation, création d’une Cour d’Assises et d’un Parquet spécialisés dans la lutte antiterroriste (qui existent déjà…) ou encore déchéance de nationalité pour les binationaux. Si ces idées sont toutes discutables, le candidat à la présidentielle va encore plus loin en proposant de soumettre les personnes faisant l’objet d’une fiche S à un internement administratif pour pouvoir agir avant qu’elles ne passent à l’acte. Je ne sais pas vous, mais cette proposition m’a rappelé un certain Minority Report…

L’ex président a également été sollicité sur ses dépassements de frais de campagne lors de l’élection présidentielle de 2012. Très embarrassé, il a d’abord esquivé la question pendant de longues minutes en répétant sans cesse le même discours. Après quoi, il a évoqué une « théorie du complot » de la part du gouvernement : selon lui, il ne s’agit pas d’une coïncidence si l’affaire Bygmalion est sortie juste après l’affaire Cahuzac. Il semblerait que Monsieur Sarkozy ne recule devant rien pour la course à l’immunité présidentielle…

Sans filet - Rendez-vous en Terre inconnue

Pour réaliser ce reportage, l’ancien chef de L’État s’est rendu dans l’entreprise Mamie Cocotte où le compte pénibilité va être mis en place dans quelques semaines. Clairement décidé à abolir la réforme de François Hollande, Nicolas Sarkozy estime que la pénibilité devrait être évaluée au cas par cas par un médecin : « Moi vous mettez Frédéric dans une compagnie d’assurance derrière un bureau enfermé toute la journée, c’est la première fois que je vois Frédéric, je ne suis pas sûr qu’il ne me dira pas que c’est beaucoup plus pénible que d’être ici à 5h du matin. ».

Laissez-moi vous dire - Face à face avec un élu local

Lors de cette séquence, le Président du parti Les Républicains a été confronté à Damien Carême, maire écologiste de Grande-Synthe, sur la thématique des réfugiés. Ce qui frappe le plus dans cet échange, c’est clairement le manque d’humanité de Nicolas Sarkozy. Il cherche complètement à se déculpabiliser en se justifiant par une citation de Michel Rocard : « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». Grosse erreur de sa part : tellement fier de lui, il en oublie l’essentiel, à savoir la fin de cette citation qui ajoute l’élément suivant : « Mais elle doit en prendre sa part »

Le regard de Léa - Débat avec Léa Salamé

Même face à la personne qui avait sans doute le plus de considération pour lui, Nicolas Sarkozy s’est avéré être sur la défensive. Après voir tenté de lui reprendre la parole à de nombreuses reprises, Léa Salamé s’est vu essuyer un rappel à l’ordre d’un Nicolas Sarkozy visiblement très à l’aise : « Après tout c’est aussi mon émission ».

Prise directe - Confrontation à trois citoyens

Le premier citoyen à s’exprimer était Mohamed Bajrafil, imam de la mosquée d’Ivry-sur-Seine, qui se sentait stigmatisé par les discours politiques actuels. Malgré toute l’ouverture d’esprit dont son interlocuteur pouvait faire preuve, Nicolas Sarkozy s’est rapidement montré susceptible. Il a également tenu des propos nationalistes dignes de Nadine Morano en évoquant de grandes caricatures nationalistes… Nous étions bien loin des idéaux du pays de la Révolution française et de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen évoqués par l’invité en introduction de ce débat…

Ce fut ensuite au tour de Marlène Lecefel, enseignante et secrétaire générale du Syndicat des Enseignants de l’UNSA section Martinique de s’adresser à l’ex président. De cet échange en est ressortie une volonté d’envoyer les élèves perturbateurs dans des internats à encadrement renforcé avec suppression des allocations familiales en cas de refus des parents. Résolument, il semblerait que Nicolas Sarkozy pense que l’internement soit la réponse à tous les maux de ce pays…

Enfin, vint le tour de Mickaël Sala, entrepreneur qui est récemment passé des Républicains au Front National. Nous soulignerons tout de même la première intervention intelligente de l’ancien chef de L’État qui a pris la peine de réaffirmer l’importance de l’Europe…

Demandez le programme - Questions économiques de François Lenglet

Comme à l’accoutumée, il est difficile de suivre cette chronique car nous sommes noyés sous les statistiques. Elle n’a d’intelligible que le résumé des grandes lignes du programme économique du candidat Nicolas Sarkozy :

  • Baisse d’impôt massive : suppression de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune, réduction de 10% de l’impôt sur le revenu, défiscalisation des heures supplémentaires, etc. ;
  • Réforme du marché du travail : suppression de la durée légale du travail, libéralisation du nombre d’heures travaillées, simplification du licenciement et de l’embauche, diminution des allocations chômage, etc. ;
  • Réforme de la sphère publique : suppression de 300 000 postes de fonctionnaires, augmentation du temps de travail des fonctionnaires, réforme de la retraite des fonctionnaires, suppression des régimes spéciaux de retraite, etc..

Le monde en face - Questions de David Pujadas sur l’actualité internationale

Après s’être fait taclé pendant l’ensemble de la soirée par Nicolas Sarkozy, David Pujadas s’est réaffirmé en amenant des thématiques délicates sur la table. Ainsi, il a pu démontrer les incohérences dans les propos du candidat qui affirmait il y a quelques années que le dérèglement climatique était un événement critique et qui estime maintenant que le principal fléau, pour notre planète, est la démographie croissante.

Le journaliste a ensuite laissé le choix à son interlocuteur de choisir le prochain sujet de leurs échanges. L’ex président a opté pour la Syrie en évoquant de « belles » idées concernant ce qui aurait pu ou aurait dû être fait par François Hollande dans un tel contexte. La situation était assez comique quand nous savons les nombreuses erreurs qu’il a commises avec la Lybie… Chose que David Pujadas n’a pas manqué de lui rappeler !

Le baromètre de Karim Rissouli

Finalement, cette soirée n’aura pas été tout à fait concluante pour Nicolas Sarkozy qui n’aura réussi à convaincre que 38% des français. Il aura surtout su séduire les membres de son camp mais cela ne suffira sans doute pas à le faire élire en 2017…

Carte blanche à Charline Vanhoenacker

Enfin, l’excellentissime Charline Vanhoenacker a pu se livrer à une chronique comme on les aime au grand dam de l’invité de cette soirée. Nous retiendrons une phrase culte de cette intervention qui mérite cependant d’être visionnée en entier : « Vous aviez dit « Je ne suis pas binaire » alors est-ce que ça veut dire qu’on ne peut plus vous joindre sur la ligne de Paul Bismuth ? ».

L’Émission politique : le bilan

Si vous avez trouvé cet article un peu trop marqué, je vous conseille de lire Les Décodeurs du Monde qui décryptent le programme de Nicolas Sarkozy.

Rendez-vous jeudi prochain pour un nouveau numéro de L’Émission politique en compagnie d’Arnaud Montebourg. En attendant, vous pouvez voir ou revoir cette émission en suivant ce lien.

Retour sur le premier numéro de L’Émission politique

par Aude Norguin Temps de lecture : 6 min
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