Il est indéniable que la sexualité a progressé vers beaucoup plus de libertés. Contraception, partenaire… nous avons l’impression d’avoir le choix. Mais comme toutes choses, la liberté a ses limites. Petit point sur la sexualité des jeunes aujourd’hui.
Les jeunes et des pratiques à risque
Cette information ne vous aura peut-être pas échappé. Le 9 janvier dernier, l’Ifop publiait une étude intitulée « Observatoire de la vie sexuelle des Parisiens : le sexe à Paris », établie pour le site de rencontre CAM4. Résultat ? Les Parisiens se lâchent davantage que les provinciaux. Sans doute parce que la capitale est inéluctablement un lieu propice aux rencontres, avec des espaces consacrés spécifiquement à la sexualité. 2007 personnes âgées de 18 ans et plus ont répondu au questionnaire - et les jeunes, bien sûr, n’ont pas été mis de côté. Le rapport met notamment en évidence des pratiques à risque. Ainsi, 42% des jeunes de moins de 25 ans et jusqu’à 48% des étudiants ont déjà eu un rapport sexuel après avoir consommé de la drogue. Le sexe a aussi ses modes. Actuellement, c’est celle des « Skins Parties » qui séduit. Une tendance qui doit son origine à la série télévisée britannique Skins diffusée depuis 2007. En France, 25% des jeunes de moins de 25 ans ont déjà été à ce genre de soirée. Les jeunes semblent donc pouvoir vivre leur sexualité comme bon leur semble…
Des sexualités
Aujourd’hui on ne parle plus de « la » sexualité, mais « des sexualités ». Le médecin psychiatre sexologue Michèle Smadja explique qu’ « il peut y avoir des sexualités qui peuvent englober des pratiques très différentes. Aujourd’hui, la parole s’est libérée ». En effet, la sexualité n’a peut-être jamais été autant évoquée qu’aujourd’hui. Il n’y a qu’à faire une simple recherche sur Internet pour trouver n’importe quelle information. Dans la presse écrite, les articles sur la sexualité affluent. Tous les médias en parlent. La sexualité ne se trouve donc plus cantonnée à la chambre et à l’intime. Ce qui semble importer aujourd’hui est davantage la manière d’en parler. Florence Baruch des Rapporteuses de la radio Mouv’ des 13-25 ans aborde chaque jeudi - rebaptisé à cette occasion » jeudi cul » (ou « je dis cul ») - des sujets liés à la sexualité pendant huit minutes. On y parle autant de sujets basiques que de thèmes originaux, comme « Snap et le sexe », ou encore - ce qui plaira aux écolos - « coucher bio ». « On avait un point d’honneur à dire les mots » explique l’animatrice.
La sexualité à son apogée ?
Contraception, liberté des mœurs, recul du mariage… Aujourd’hui, tout porte à croire que la sexualité est à son apogée. On parle et on fait de tout. On peut choisir la sexualité qui nous convient le mieux. Mais du côté des professionnels, on ne voit pas les choses de la même manière. De ses rencontres avec des jeunes lors de ses micro-trottoir, la journaliste Florence Baruch fait un constat désolant : « Je pense que la sexualité est plus forcée. Les jeunes se forcent trop tôt à faire des choses qu’ils ne sont pas prêts à faire, parce que les copains font, parce que les « on dit » dit qu’il faut faire comme ça […] Ce n’est pas une liberté de choix finalement. » Pour Michèle Smadja, la libération de la sexualité a aussi son côté négatif. « Je pense à tous ces jeunes qui ont eu accès à des films pornographiques. Des jeunes qui en ont vu se retrouvent dans l’incapacité de commencer une vie sexuelle car ils ont été impressionné, voire choqué, par des films de ce genre », ce qui peut notamment entraîner des troubles dans la performance. Le constat de la sexologue est donc nuancé : « Il est plus facile d’être jeune aujourd’hui car il y a énormément de possibilités d’information, d’échange et d’écoute si l’on cherche bien. Mais de l’autre côté, c’est le risque d’avoir abîmé la sexualité. La société apporte des progrès mais il y aussi les effets négatifs de ces progrès ». Tout semble donc aller dans le sens de la (ré)jouissance, mais il faut regarder ces avancées avec prudence. Comme le dit la sexologue : « à chacun de trouver la sexualité qui lui convient avec son partenaire. » À vous de jouer donc !