Qui n’a jamais rêvé de voir son manuscrit qu’il écrit en secret publié et puis lu par des centaines voire des milliers de personnes ? Le site Lulu.com est un site d’auto-publication et permet aux jeunes auteurs de transformer leur rêve en réalité. Beaucoup y croient. Pour preuve, 1 791 545 livres ont été publiés depuis 2002. C’est risqué, oui mais certains ont du succès, beaucoup de succès. Florie, l’auteur de Running up that bridge en fait partie. Avec son roman, l’auteur est en tête des meilleures ventes depuis qu’elle a sorti son livre en février. Une histoire d’amour gay. Dans ce premier tome, l’auteur nous présente les deux premiers actes de son histoire.

L’origine de Running up that bridge

La littérature, c’est un peu une mise en abîme. Dans une histoire, il y a toujours une autre histoire. Le succès de Running up that bridge s’est d’abord fait sous le nom de Running up that Hill d’après la reprise très connue de Placebo (tellement connue qu’on pense donc que la version originale n’appartient pas à Kate Bush) sous la forme de fan fiction. Il est vrai que beaucoup pourront avoir des à priori. Mais attention, les seules choses de Run up, comme l’appelle son auteur, qui nous rappellent que c’est une fan fiction sont les noms utilisés de personnes connues. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il n’y a pas de situations grotesques et invraisemblables qu’on peut habituellement retrouver dans ce genre. Ensuite, dans la version officielle, (celle qui a été publiée), l’histoire se suffit à elle-même, tout fonctionne et le lecteur oublie très vite qu’il s’agit à la base d’une fiction et s’il ne le sait pas, il ne le saura jamais.

De quoi ça parle ?

À Londres, deux familles : les Hamilton et les Rosenbach. Les deux familles les plus riches de la ville se haïssent, se battent, se vengent, se détruisent. Cousins contre cousins, haine contre haine. Hugo Rosenbach et Daël Hamilton sont les personnages principaux. Gays et ennemis. Ils vont se croiser une nuit sur le pont de Westminster (cadre spatiotemporel qui pourrait parfaitement caractériser l’histoire) et vont se voir et se reconnaître (dans le sens amoureux du terme). C’est à ce moment là que commence l’histoire. De là vont découler de nombreuses autres rencontres. Ils s’attirent, se détestent. On dit que « de l’amour à la haine, il n’y a qu’un pas… » Mais tout n’est pas si facile pour Daël et Hugo.

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Des clichés pulvérisés

Un air Shakespearien qui n’en est pas forcément un. L’auteur crée son histoire sur la base Shakespearienne, mais s’en détache très vite, offrant une histoire originale à son lecteur qui est sans cesse surpris, ne s’attendant pas à ces retournements de situation. D’abord, Roméo et Juliette ne sont pas ceux qu’on croit. La facilité voudrait que le couple central soit les pendants, des amants maudits, mais ceci serait beaucoup trop facile. Encore, elle fait en sorte que Daël et Hugo soient guidés par la famille qui semble plus importante que l’attirance, que l’amour pour eux. Lorsqu’ils semblent oublier leur famille, tout bascule, tout leur rappelle que le nom de famille est au cœur de leur haine.

Mais Running Up that Bridge reprend aussi des clichés de la littérature contemporaine : la drogue, des personnages fissurés à reconstruire, des familles touchées par les drames créées par leur conflit.

Des personnages humains et bien construits

Avant tout, les personnages de ce livre sont humains. Dans le sens où tous ont des faiblesses et des qualités. Il n’y a pas de surhomme. Daël est le chef des Hamilton. Il est fort et fier, il pourrait être présenté comme étant sans cœur et sans scrupule mais on découvre alors un garçon pas si sûr de lui que ça. Un être humain, après tout. Les filles sont protégées par leurs cousins mais sont aussi fortes. Comme par exemple le personnage de Lola ou alors encore plus notable, Grâce, l’héritière des Rosenbach et sœur d’Hugo. Femme (d’apparence ?) forte par excellence. Surtout qu’à aucun moment dans ce premier tome l’auteur ne prend partie. Il n’offre pas d’analyse manichéenne et c’est aussi l’une des forces du roman.

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« Traverser le pont »

L’auteur fait du pont, le point d’ancrage du roman : lieu où tout débute, lieu de reconnaissance, lieu de rendez-vous. Plus encore, c’est une symbolique qui est tenue du début à la fin et qui est bien construite. La citation de transition entre l’acte I et l’acte II, résume parfaitement la fin de ce tome : « Les deux rives continuent de se regarder mais elles savent désormais qu’elles ne peuvent plus exister l’une sans l’autre. Parce que ça n’a pas de sens, un pont qui ne mène nulle part. » Daël et Hugo se rendront compte qu’ils ne peuvent pas fonctionner l’un sans l’autre mais ne franchiront jamais le pont.

« À cet instant, je me demande pourquoi je viens de lui faire cette promesse. » Annonce le « teaser » du tome 2. Promesse d’une vie meilleure pour nos deux protagonistes mais surtout la promesse d’un tome 2 à la hauteur de ce premier volume de Running up that Bridge.

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