Brooklyn est un film adapté du roman éponyme de l’Irlandais Colm Tóibín paru en 2009. Dans cette histoire d’amour et de voyage, Saoirse Ronan qui interprète la jeune Eilis, nous porte magistralement à travers l’océan. Malgré la dureté du changement, le film montre que le sentiment amoureux permet de vaincre des montagnes, même confronté au doute.

Entre l’Irlande et l’Amérique

Brooklyn est premièrement l’histoire d’un déracinement. La jeune Eilis débarque en Amérique pour trouver une vie qu’elle n’a pas en Irlande. Bien que l’histoire du film se déroule dans les années 50, on peut retrouver un réel écho dans l’actualité avec la crise migratoire. Eilis voyage en bateau et a littéralement le mal du pays. Une fois passée les contrôles de visa, l’arrivée symbolique aux Etats-Unis peut se faire, on voit même filmiquement la porte vers le futur. Eilis a certes un travail, un foyer, et fait même des études, mais son pays lui manque considérablement. Plusieurs scènes montrent ce manque mais la plus émouvante reste celle du repas de Noël. Volontaire auprès de démunis irlandais, la demoiselle va succomber aux larmes en entendant un homme chanter en gaélique. La comparaison entre les deux pays est aussi présente à la plage, celle de Coney Island n’a pas la même saveur que celle d’Enniscorthy en Irlande.

Eilis a le cœur qui balance

Il s’agit d’un combat entre l’amour d’une vie et l’amour d’un pays. Eilis n’a pas le goût à se faire des amis quand elle arrive à Brooklyn, en témoigne une scène où sa collègue fait un effort pour discuter d’un film sur l’Irlande mais elle ne saisit pas la balle au bond. Elle va assister à des bals seulement accompagnés par des filles irlandaises de sa pension de jeunes filles. Jusqu’à l’arrivée d’un bel italien qui va d’abord la faire danser, puis aller faire des films avant de la faire totalement chavirer. Eilis raconte alors dans les lettres qu’elle envoie à sa sœur qu’elle a rencontré l’amour et que tout va mieux. Tony Fiorello est donc tout pour elle, il l’attend à la sortie de ses cours du soir, elle rencontre ses parents, il l’aime, tout est beau. Le drame commence quand elle doit retourner en Irlande. Je ne vous expliquerai pas pourquoi, non. Là, on veut la caser avec un certain Jim Farrell et elle n’y est pas insensible. Vous voyez donc le contraste entre Tony qui représente Brooklyn et Jim profondément attaché à la petite ville d’Enniscorthy. Je vous parlais au-dessus d’une chanson en gaélique, elle s’appelle « Casadh an TSúgáin » (La torsion de la corde). Elle est très symbolique car c’est une chanson d’amour qui parle d’un homme qui demande à sa femme de définir la façon dont elle est liée à lui. Il dit à la femme « Sois avec moi devant tous, montre-le à tous, sois claire« .

Brooklyn ou le rôle d’une vie

Saoirse Ronan, l’actrice qui interprète Eilis, livre tout simplement LE rôle de sa carrière. Même si les Oscars lui auront préféré Brie Larson, on peut dire qu’elle avait sa place dans les nominées pour la meilleure actrice. Hollywood ne s’y est pas trompé ! L’actrice a d’ailleurs confié qu’elle se sentait très proche de son personnage : « C’est une histoire près de mon cœur parce qu’elle parle de ma famille. C’est le voyage que mes parents ont fait dans les années 1980, ils sont déménagés à New-York et ils ont vécu le même genre de situations, même si c’était à une époque et une ère différente. Je crois que cette expérience fut encore plus émouvante pour moi, parce que j’avais un fort sentiment d’appartenance à ces communautés et à ces gens« . C’est aussi la première fois que cette dernière joue avec son accent irlandais. Au départ, c’était Rooney Mara qui devait jouer Eilis car Saoirse Ronan était trop jeune. Quelques années ont passé, Mara est partie et Ronan a pu prendre le rôle. D’ailleurs, Saoirse signifie « liberté » en gaélique, personne n’était donc mieux placé pour incarner l’idéal américain que représente la fameuse statue.

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