La Proie du Papillon est le premier roman contemporain de Stéphane Soutoul, paru aux éditions Pygmalion. Sur 416 pages, une histoire peu banale nous est dévoilée, un thriller sentimental à rebondissements où les apparences sont trompeuses. La fin ne vous laissera pas sur votre faim !
Judith de Ringis, jeune directrice de l’agence Marketing Fantasy Media à New-York, veut se débarrasser de sa grande rivale, la douce Annie Laurens. Hantée par son désir, elle ne trouve pas la solution jusqu’à ce qu’une amie l’aide… Carole O’Brian lui parle alors des Fils d’Eros. Judith va donc se procurer les services du séducteur Marco DiValto mais rien ne va se passer comme prévu.
Un auteur qui a du style
Si vous aviez acheté le livre car vous vous étiez vaguement dit « tiens une histoire sulfureuse à la Fifty Shades of Grey », laissez-moi vous convaincre tout de suite qu’il ne s’agit pas, mais pas du tout, du même propos ! Il y a du sexe et la narratrice est une femme, c’est à peu près tout ce qu’il peut y avoir en commun. Stéphane Soutoul déploie un talent à développer ses personnages et ses décors qui ravira le lecteur émérite que vous êtes ! « Derrière la baie vitrée, le soleil agonisant disparaissait lentement derrière la ligne d’horizon bordée de buildings. Sa lumière baignait mon bureau en conférant un éclairage flamboyant aux murs. Le spectacle poignant où le jour s’inclinait face aux ténèbres aurait apaisé n’importe quelle âme, mais pas la mienne. La poésie d’un crépuscule incandescent me passait par dessus la tête ». Cette description donne l’impression d’y être, la poésie est retranscrite. L’auteur utilise un style direct et clair avec des mots comme « pactole » ou « pieu » qui, bien que crus, conviennent parfaitement au style de la narratrice, Judith de Ringis. Si l’on pouvait prédire que mademoiselle de Ringis tomberait dans les mailles du fils d’Eros, personne n’aurait pu voir arriver les dernières pages du livre et c’est en ça que le livre est réussi. Stéphane Soutoul nous délivre un retournement final de génie, digne d’un très bon thriller.
La proie du Papillon : un jeu d’apparences
La force du roman réside définitivement dans ses personnages accaparants. Judith, la narratrice, est, elle le dit elle-même, une prédatrice. On entre de plein pied dans le livre par un étalage de son dédain : « Rien n’est aussi déprimant que de se retrouver coincée dans un bureau en fin d’après-midi, surtout en compagnie d’un pauvre naze complètement nu ». Très lucide, la demoiselle a conscience de son milieu : « Un monde de faux-semblants et de trahisons : voilà l’univers dans lequel je m’épanouis. ». Si elle considère la gente masculine comme une source d’amusement : « Les hommes sont faits pour être des instruments jetables entre les mains des femmes, non le contraire. », la situation va vite se retourner contre elle. Lorsqu’elle rencontre le fils d’Eros on croit pouvoir alors former le couple diabolique de l’histoire. Oui, un prédateur avec une prédatrice ça ne pouvait aller qu’ensemble, mais non ! Marco DiValto ténébreux séducteur au tatouage de papillon cache bien son jeu. Fini les stéréotypes avec ce roman, il faut voir au-delà des apparences. Judith n’est pas si froide et Carole décrit comme : « Une trentenaire bête comme ses pieds qui compense son manque de tempérament par la manne financière dont elle dispose grâce à sa famille. La pauvre fille se teignait en brune, mais son visage constellé de taches de rousseur trahissait ses origines irlandaises » pas si nunuche que ça !
La proie du Papillon
Stéphane Soutoul
Editions Pygmalion
17 euros
Pour feuilletez les premières pages :