Lorsque j’ai rompu avec Loïc, j’ai fui jusqu’aux Etats-Unis pour me focaliser sur mes études plutôt que sur les mecs. C’était décidé, plus d’homme dans ma vie avant d’avoir fini mes études. C’était sans compter ma rencontre avec Jack.
Dans un bar avec des amis, nous avons fait la connaissance d’un groupe. L’alcool aidant, nous avons très vite sympathisé et passé la soirée ensemble. Il y avait un garçon un peu caché qui n’arrêtait pas de me fixer. Nous avons commencé à discuter puis, très vite, nous nous sommes embrassés. Il y a des premiers baisers qui font basculer une vie.
Un de ses amis nous a surpris et nous a demandé quand nous comptions nous marier. Prise par la folie de la soirée et quelque peu éméchée j’ai répondu maintenant. C’est ainsi que nous avons trouvé quelqu’un pour nous marier … dans la rue. J’étais donc officiellement mariée à un inconnu. Dois-je rappeler que j’avais dit pas d’homme dans ma vie ?
Puis nous avons laissé nos amis pour nous promener main dans la main dans les rues paisibles de Chicago. Posés sur un banc au bord du lac Michigan nous apprenions à nous connaître. L’alcool diminuait au profit du réel plaisir que nous avions à être ensemble. J’avais envie que cette soirée s’éternise mais l’effervescence de Windy city allait reprendre, il était temps pour nous de nous séparer. Tout était parfait, puis au moment de nous dire au revoir il m’a annoncé qu’il repartait dans quelques heures chez lui … à San Francisco.
Désemparée, je lui ai tout de même donné mon numéro sans penser un seul instant qu’il l’utiliserait.
Le lendemain, je scrutais mon téléphone et je dois l’admettre, c’est moche d’avoir à guetter un signe de quelqu’un pour se sentir heureuse. Et le message tant attendu arriva. Mon cœur palpitait, j’étais à la fois heureuse, excitée et effrayée d’en lire le contenu.
« Coucou ma jolie mais méchante épouse qui ne me donne pas de nouvelles. Heureusement que ton mari se préoccupe de toi, sinon on irait droit au divorce ! »
Après ce message, des centaines d’autres ont suivi, puis nous sommes passés à Skype. A partir de là, nous mangions ensemble et regardions les mêmes films par écrans interposés. Lorsque j’allais dormir, il me regardait m’endormir et aller continuer de travailler. Je me donnais à lui sans réserve, sans retenue, sans appréhension ni doute. Je ne le voyais que derrière son écran et pourtant j’étais en train de tomber éperdument folle amoureuse de lui.
Malgré toute notre volonté, il n’a jamais pu revenir et je n’ai jamais pu aller chez lui par manque de moyens. Nous étions dans le même pays et incapable de se voir. Comment ferions-nous quand je serai à Paris ? Si on ne pouvait pas se voir, quel était l’intérêt d’être « ensemble » ? Je ne pouvais pas rester aux Etats-Unis, et lui devait finir sa dernière année d’études. Toutes ces questions se bousculaient dans ma tête et je finis par prendre une décision. Rompre. Même si je l’aimais, il n’y avait pas d’avenir pour nous deux. C’était la meilleure solution.
Les dernières semaines furent compliquées, le chagrin me dévorait et je ne supportais plus de voir les gens heureux alors que je souffrais. Je détournais les yeux dès qu’un couple s’embrassait devant moi. Je scrutais mon téléphone en espérant recevoir un de ses messages. Le plus difficile c’était de m’empêcher de penser à lui, à ce qu’il était en train de faire, de lui envoyer un texto dès que ça n’allait pas. Je n’avais qu’une hâte : rentrer à Paris et passer à autre chose.
De retour à Paris, je me suis éloignée de lui. En vain. Il n’y a pas de distance assez lointaine quand on aime. Je regrettais d’avoir rompu mais il était désormais trop tard, il fallait tourner la page.
Quelques semaines plus tard, ma meilleure amie me demanda de venir la récupérer à l’aéroport. Ce ne fut pas Pauline que je vis lorsque les portes s’ouvrirent mais bien lui, avec un grand sourire aux lèvres, poussant de nombreux bagages qui sous-entendaient qu’il allait rester ici un petit moment.