A l’occasion du Salon du Livre 2016 de Paris, Clément Bénech nous a laissé pénétrer son univers littéraire. Portrait d’un jeune auteur hors du commun.

Vendredi, 16h30. Je me faufile dans un Salon du Livre bondé à la recherche du stand des Editions du Samovar, lieu de notre rendez-vous avec Clément Bénech. Une fois les présentations effectuées, et après avoir parlé coupe de cheveux et bonbons Schtroumpfs, nous trouvons un lieu à peu près calme dans le salon, histoire de bavarder de littérature, bien sûr, mais surtout de son étonnant parcours.

Clément Bénech, auteur passionné par l’édition

Clément publie son premier roman, L’été slovène à l’âge de 21 ans. Très bien accueilli par la critique, et désormais disponible en édition Poche, le roman connaît un franc succès suite à une publication rapide. Il nous explique que « ça été publié très vite puisqu’en novembre 2012, on m’a dit d’accord, et en mars 2013, il est sorti. » Suite à une publication d’un texte qu’il avait écrit sur son père dans la revue Décapage, le jeune auteur est mis en contact avec une éditrice de Flammarion qui se chargera de sa première publication. Aujourd’hui, il en est à son deuxième livre publié, qui a pour doux titre Lève toi et charme. Rien que pour un tel titre, ça vaut le coup d’en savoir plus sur ce jeune auteur.

En parallèle de son activité d’écrivain, Clément Bénech est en Master 2 d’édition à l’université Paris Sorbonne - Paris 4, le fameux qui est à l’origine de l’Edition du Samovar dont nous vous avions parlé. Peut-être avez-vous tiqué sur « activité d’écrivain », pourtant, c’est bel et bien ainsi qu’il définit la profession. « Disons qu’écrivain, c’est de moins en moins un métier, et c’est de plus en plus une occupation. Je veux dire dans l’absolu, je ne parle pas que de mon cas dans la mesure où c’est très difficile d’en vivre. Je ne saurais pas dire si c’est plus difficile qu’avant, je pense qu’on a tendance à mythifier un peu un âge d’or du livre. Aujourd’hui, il y a beaucoup plus d’auteurs, de livres publiés, donc c’est normal qu’il soit plus difficile d’en vivre pour chacun d’entre nous. »

Le jeune étudiant auteur a donc la fascination du livre dans toutes ses étapes, que ce soit au niveau de l’écriture que de la fabrication. Il envisage ainsi de travailler dans l’édition jeunesse, puisque lui même a beaucoup bénéficié de ces publications lorsqu’il était jeune. En véritable passionné, il nous explique que durant la fabrication du livre des Editions du Samovar de sa promotion, il a tenu à s’insérer dans le pôle de la fabrication : « Je m’étais mis spécifiquement dans l’équipe de la fabrication, notamment parce que déjà j’ai fait ce master par goût justement du paradoxe et donc de la matérialité du livre. »

Livre réalisé par les Editions du Samovar

Même s’il avait publié un roman, cela ne permettait pas à Clément d’avoir des compétences en édition, et il a conscience que rentrer dans ce milieu nécessite l’obtention d’un master dans ce domaine. De plus, son envie de bosser dans l’édition jeunesse requiert un savoir-faire particulièrement poussé en édition, pour réaliser de beaux albums en tous genres « En master d’édition, on apprend des choses très pratiques, des termes de fabrication, un jargon. […] En jeunesse, il faut bien s’y connaître en fabrication puisqu’on fait des livres à chaque fois particuliers, c’est-à-dire qu’on fait des albums qui ont tous des formes différentes, des techniques d’impression différentes… ». Dans cette optique, il va faire un stage cet été à New-York à Enchanted Lion, une maison d’édition indépendante aux publications colorées.

Au passage, si ça peut aider…


Ses secrets d’écriture

Bien qu’il soit un serial twitteur - ce dernier fait partie des dix écrivains à suivre sur Twitter d’après Télérama - Clément Bénech garde pour autant des habitudes d’écriture très traditionnelles. « J’écris à la main, sur des carnets, j’écris jamais par ordinateur. » Comme il écrit de manière intense lorsqu’il est sur un projet de roman, son année a surtout été vouée à la lecture et au travail pour son master. Enfin, de manière intense, n’exagérons rien ! L’auteur rit de lui-même sur sa flemme et sa capacité de concentration limitée : « Quand je dis intense, je suis quand même assez flemmard de nature, c’est jamais plus de deux heures par jour. Je ne suis pas non plus un bourreau de travail. […] J’ai l’impression que le flux s’épuise un peu au bout de deux heures. Le cerveau est fatigué. Notamment parce que j’ai l’impression que quand je fais ça, je donne 100 % de mon énergie à l’écriture et 100 % de ma concentration aussi, et comme je ne suis pas d’un naturel à être très concentré et que je me laisse souvent distraire, je ne peux pas écrire sur des très longues périodes. »

Tout à coup, Clément me fait remarquer que les panneaux d’interdiction de fumer du Salon du Livre sont différents. Certains panneaux montrent des cigarettes consumées en deux traits, d’autres en trois… Déconcentration, vous disais-je ? Sincère et drôle, l’auteur reprend dans sa lancée et rit de sa capacité de dispersion. « Il y a des écrivains qui vivent de l’écriture, pour eux c’est un vrai métier. Pour moi, ça ne l’est pas, pas encore, peut-être un jour, je ne sais pas si j’aurais l’autodiscipline nécessaire pour ne faire que ça. Parce que j’ai aussi une force d’inertie…. Là je viens de regarder la première saison de Fargo en 3 jours par exemple ! »

Et l’autoédition, on en parle ?

Au détour de la conversation, l’autoédition est évoquée. En effet, si Clément Bénech a pu publier très jeune dans une grande maison d’édition, ce n’est pas le cas de tous les auteurs, et beaucoup choisissent face au refus la solution de l’autopublication. Avec un regard bienveillant et absolument pas critique du phénomène, le jeune auteur livre une vision intéressante de l’autoédition : « ça peut permettre de faire émerger des écrivains. Moi, j’ai été tenté par ça au début quand mon premier manuscrit a été refusé, j’avais 17 ans. Aujourd’hui, je me félicite de pas l’avoir fait parce que je pense que ça m’aurait porté préjudice pour plus tard. Non seulement d’avoir autoédité, mais d’avoir autoédité ce roman qu’aujourd’hui je trouve nul à chier ! Donc je me dis que parfois, les maisons d’édition, elles nous servent aussi de bouclier. En refusant un manuscrit, elles peuvent aussi nous faire un cadeau ! Je pense que quand on aime écrire, il ne faut pas s’acharner avec un texte à maudire pendant 20 ans tous ceux qui ne l’ont pas publié. Moi, j’ai continué à écrire, et j’ai écrit 4 romans avant d’être publié ! »

Si l’univers de ce jeune auteur vous a parlé, n’hésitez pas à vous procurer son dernier roman Lève-toi et charme en attendant la sortie de son troisième roman en préparation, ou suivre ses tweets délirants !

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