« Tu n’es encore pour moi qu’un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n’ai pas besoin de toi. Et tu n’as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu’un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde ». Rêveuse et un tantinet romantique, cette citation d’Antoine de Saint-Exupéry est devenu un peu mon crédo, malheureusement je cherche encore mon renard.

Voilà plusieurs mois que je suis célibataire, et aucune envie de me plonger la tête la première dans une nouvelle aventure. Les relations amoureuses sont beaucoup plus faciles à nouer qu’à dénouer, alors je m’abstiens de créer des liens.

Twitter, c’est ici qu’a commencé ma relation avec Noah. Après s’être abonné à moi, avoir mis en favori une tonne de mes tweets il a commencé à les commenter. Mais voyant que j’étais totalement hermétique à toutes ses tentatives de discussion, il a décidé de m’envoyer un message en privé :

« Justine, tu es pour Donald Trump ? »

Je me suis tâtée à lui répondre, et pour confirmer ma non-envie je suis allée faire un tour sur son profil. Puis, je me suis finalement décidée à lui accorder une réponse, disons que sa photo de profil a beaucoup joué en sa faveur !

Après mon premier message, s’en est suivi des centaines d’autres. On s’est retrouvé à discuter de tout et de rien pendant plusieurs heures. J’avais l’impression de parler à un vieil ami et non pas à un inconnu. Nous avons continué les jours suivants à nous parler, nous étions tous deux surpris par ces discussions qui s’éternisaient jusqu’au bout de la nuit mais qui étaient si naturelles. Nous passions donc notre temps à nous découvrir, à rire et nous à dévoiler par écrans interposés comme nous ne l’aurions jamais fait l’un en face de l’autre. Noah est devenu en quelques jours la personne à qui je racontais mes aventures de la vie quotidienne. Et cela fait du bien quand quelqu’un devient une part de notre routine. C’est fort agréable de parler à une personne qui veut juste parler sans s’en sentir forcé.

Entre nous, il y avait cette alchimie inexplicable et incontrôlable qui était quelque peu inquiétante. Un ami de ses amis, en voyant nos messages, lui a dit « on dirait que vous êtes en couple depuis dix ans ». Cela fait chaud au cœur de savoir que notre entente se lit dans les messages, mais en même temps, les choses allaient beaucoup trop rapidement. C’est pourquoi nous avons décidé de ralentir le pas, mais cette tentative fut de courte durée.

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Un soir, j’évoquais le fait que j’avais du mal à faire confiance, qu’il me fallait du temps et que pour m’apprivoiser il fallait être très patient. Il me répondit que « les meilleures choses ont besoin de patience ». Soulagée, on continua à se raconter.

Au fil des jours, je devenais de plus en plus curieuse et impatiente de vérifier si notre entente serait toujours la même en « vrai ». Tous les soirs, avant de m’endormir, je relisais tous nos messages de la journée, je regardais ses photos et j’idéalisais notre rencontre.

Le jour J, j’étais très excitée et totalement effrayée à l’idée de le rencontrer de visu. A ce moment-là une multitude de questions m’envahit : Est-ce que j’allais lui plaire ? Qu’est-ce que je vais bien pouvoir lui dire ? Mais au fait, je lui dis bonjour comment ? Je lui fais la bise ou au contraire rien du tout genre « hey » ?

Puis soudain, un très bel homme se posa devant moi et m’extirpa de mes pensées. Nos yeux se sont croisés et toutes mes peurs se sont évanouies. D’un seul regard, il m’avait apprivoisée.

Après ce premier rendez-vous, ou aucun des deux n’a réussi à franchir le pas du baiser, je reçus un message :

« Tu me plais encore plus en vrai, je n’avais qu’une envie : t’embrasser. »

A la lecture de celui-ci, mon cœur se mit à battre la chamade. J’avais des étoiles plein les yeux. Je devais dormir, je travaillais tôt le lendemain. Mais cette nuit-là, je ne pouvais dormir tant il était présent à ma mémoire, c’était si fort comme impression que j’avais le sentiment qu’il était là, tout près.

Tous les jours, on s’envoyait des messages au point de ne plus vraiment avoir de vie sociale, nous passions beaucoup trop de temps sur nos téléphones. Mon meilleur ami m’a même abandonnée un soir au bar car selon lui mon esprit était focalisé sur mon écran. Il en était de même pour ce fêtard invétéré qu’est Noah, qui se retrouvait à passer ses soirées avec sa dulcinée par écrans interposés.

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Nous avions fait fi de cela, enfin en apparence… Je pensais que notre dernier rendez-vous allait en entraîner un autre, sûrement le week-end suivant comme nous l’avions prévu. Mais aucune invitation, et beaucoup moins de messages que d’ordinaire.

Au début, je me suis torturée l’esprit en me demandant ce qu’il s’était passé. J’essayais de me rappeler les derniers mots que nous avions échangés jusqu’au baiser. Etait-ce le bisou d’adieu ? Je n’en avais aucune idée. J’étais totalement perdue.

Malgré les recommandations de mes amis, je me suis décidée à lui écrire un bref message lui demandant s’il allait bien, parce qu’il semblait distant. Peut-être que ce message aiderait à mieux comprendre la situation.

« Tout va bien. Juste très fatigué de mon week-end. »

Puis aucun autre message pour lancer la conversation. Les jours qui suivirent nos échanges étaient devenus plus laconiques les uns que les autres. Puis enfin :

« Je n’ai pas envie d’une relation. Je ne suis pas prêt, pas pour tout ça. Excuse-moi. »

Cette histoire s’est finie aussi vite qu’elle a commencé. Les relations virtuelles sont parfois préférées aux réelles, au moins, celles-ci n’engagent à rien.

Il faut avouer qu’on risque de pleurer un peu si l’on s’est laissé apprivoiser, mais même si la fin est dure, le jeu en aura valu la chandelle. C’est une loi : souffrir pour comprendre.

J’ai compris que refuser d’aimer par peur de souffrir, c’est comme refuser de vivre par peur de mourir. Donc on oublie ce qui nous a blessé, mais en aucun cas la leçon qu’on en a tiré.

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