Depuis l’annonce de la loi travail, une partie des citoyens français s’oppose avec vigueur à cette loi qui dérégularise le marché du travail, laissant plus de libertés au patronat et enfermant les salariés et futurs salariés dans des logiques productivistes et moins humaines. Parmi les opposants, les étudiants se dressent comme pilier majeur des manifestations depuis plusieurs semaines déjà : une première manifestation à Paris le 9 mars a rassemblé entre 27 000 et 100 000 personnes selon les sources ; puis une seconde le 17 mars qui a été une réussite elle aussi, avant les tristes événements survenus à Tolbiac ; avant de nouvelles contestations prévues le 24 mars, et le point d’orgue du mouvement le 31 mars, annoncé depuis le début du mois comme une réplique violente à la loi de Myriam El Kohmri.

Panique à Tolbiac

C’est pendant la manifestation du 17 mars que la situation a dégénéré entre forces de l’ordre et étudiants de Tolbiac. La veille, les étudiants avaient été prévenus qu’ils ne pourraient pas accéder à l’Université Paris 1 jusqu’au samedi 19 mars en raison du mouvement étudiant prévu. Cependant, en fin d’après-midi, un groupe d’étudiants (entre 30 et 80 selon les versions) ont réussi à entrer, plutôt facilement, dans un amphi de l’université afin de tenir une Assemblée Générale pacifique et d’organiser les prochains mouvements. Seulement une trentaine de minutes après le début de cette AG, le bâtiment est encerclé par un nombre impressionnant de CRS et autres policiers en civil, dont certains vont même jusqu’à entrer dans l’amphithéâtre. Vivant cette situation comme un piège, plusieurs étudiants vont tenter de fuir les barrages policiers subissant les coups de matraques et les multiples arrestations des forces de l’ordre. C’est l’indignation du côté des étudiants-manifestants qui se retrouvent confrontés à des scènes de violences policières alors qu’ils étaient venus défendre leurs droits et leur avenir, dans un cadre pacifique jusqu’alors. Dès le lendemain, les étudiants interrogeront l’administration de Tolbiac sur leur intérêt à empêcher un réunion pacifique et à cependant laisser entrer des forces de l’ordre qui, apparemment, ont plus servi à le troubler qu’à le maintenir.

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Une généralisation du mouvement

Rapidement, les étudiants ont répliqué et se sont retrouvés dans l’amphithéâtre Descartes à Paris 1. Ils étaient cette fois 200 et ont discuté de la loi travail, des prochains mouvements, des événements du 17 mars… Aux alentours de 16h30, des étudiants de tous horizons se sont rassemblés devant Tolbiac pour hisser des banderoles à l’entrée telles que « Ni chair à travail, ni chair à matraque », et repeindre les murs de l’Université en rouge, le rouge du sang qui a coulé le 17 mars. Les étudiants ont aussi demandé la démission de la direction de Tolbiac qui était la seule à pouvoir faire entrer les CRS dans l’amphithéâtre ce jour-là. Certains amphis ont donc été occupés toute la nuit par les étudiants en grève. Ce mercredi 23 mars, l’occupation reste maintenue à Tolbiac, Sciences Po Paris ainsi que dans les Universités Paris 8 et Lyon 2. La journée du 24 mars promet une participation massive et de nombreuses infrastructures devraient être fermées, avec banalisation de l’emploi du temps. C’est ce que réclament les étudiants, ils veulent un droit à la manifestation.

Avec tous ces événements, la réputation de la loi travail est encore un peu plus entachée : des propositions contestables, un gouvernement qui ne cédera pas mais autorise tout de même les dérapages policiers, un patronat qui compte contre-attaquer pour empêcher les modifications de la loi… Tous les éléments sont en place pour que le gouvernement Hollande se noie dans un conflit social très pesant, à quelques mois de la fin de son mandat. En tous cas, la lutte pour faire passer cette loi va être difficile, quand on sait que le 1er résultat Google de la recherche « loi travail » est une pétition pour la faire retirer, un site en « .lol »… Le parcours risque d’être long avant une future adoption !

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Benjamin Briens

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